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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
11 septembre 2009

Forum sur la traite négrière et les conditions de travail aujourd’hui en Haiti Port-au-Prince, Faculté d’Ethnologie

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PORT-AU-PRINCE, HAITI, 10 DE SEPTIEMBRE DE 2009.- Du 20 au 22 août 2009, plus de 500 personnes ont participé au local de la Faculté d’Ethnologie à Port-au-Prince, au forum organisé par le GARR sur « la traite négrière et les conditions de travail aujourd’hui en Haiti ». Cette activité a été réalisée à l’occasion de la journée internationale consacrée au souvenir du soulèvement général des esclaves de Saint-Domingue qui, dans la nuit du 22 au 23 août 1791, revendiquaient leur droit à la dignité humaine.

Durant 3 jours, avec l’aide de chercheurs/es, professeurs/es d’université et militants/es de droits humains, les participants au forum ont réfléchi sur les conditions de travail à l’époque coloniale, l’organisation mise en place et les actions entreprises par les esclaves dans leur lutte contre le système esclavagiste. Parmi ces actions, il faut citer la cérémonie du Bois-Caïman organisée 8 jours avant la révolte générale des esclaves. Les participants-tes ont pris lecture de plusieurs documents, regardé des documentaires et photographies sur le labeur des esclaves du temps de la colonie et sur les conditions de travail observées dans divers secteurs d’activités aujourd’hui, en Haïti. Ils ont suivi les témoignages de femmes de ménage, de paysannes et d’ouvriers/ouvrières et réfléchi en ateliers sur ce qui doit être fait pour qu’en Haïti, terre de la première révolution d’esclaves dans le monde, il n’y ait plus de conditions de travail assimilables à l’esclavage moderne. Le forum s’est terminé par une activité culturelle dans l’après-midi du 22 Août.

Durant le forum, les réflexions dans les ateliers avaient porté sur les catégories qui pâtissent des mauvaises conditions de travail aujourd’hui en Haiti: Les participants ont cité notamment : les travailleurs domestiques, les petits paysans, les marchand/es ambulants, les femmes commerçantes, les ouvriers/ères de la sous-traitance, les employés-es de la voirie, les portefaix et les brouettiers.

En ce qui concerne les travailleurs domestiques, les participants ont constaté que ces catégories de travailleurs regroupant les femmes de ménage et les gardiens de maison gagnent une pitance; ils ne sont pas respectés, ils sont à la tâche pendant toute la journée et n’ont pas souvent droit au congé. Les enfants en domesticité qui sont des milliers à travers le pays souffrent de la faim, vivent dans l’humiliation et subissent des actes d’agression qui influent négativement sur leur personnalité durant toute leur existence.

Après avoir analysé les conditions de travail des petits paysans/nes, les participants au forum ont admis qu’elles ne respectent pas la dignité humaine. Les faibles ressources tirées de leur labeur quotidien placent les petits paysans au bord de la survie et dans l’impossibilité de prendre soin de leur famille. A titre d’exemple, les participants ont évoqué le sort des paysans /nes qui travaillent sous le régime des 2 moitiés et qui, après la récolte, ne parviennent même pas à récupérer la quantité de semences utilisées. En outre, il n’est pas facile pour eux-elles de trouver un marché pour écouler leurs produits à un prix intéressant ; ils ne reçoivent de l’Etat ni conseils techniques réguliers, ni engrais, ni crédit, ni système d’irrigation. Beaucoup d’entre eux-elles connaissent la faim et vivent dans la crasse.

Par ailleurs, les marchés représentent un espace de travail pour plusieurs milliers de personnes dans le pays, spécialement les femmes. Après l’analyse des conditions de travail des femmes commerçantes en Haiti, les participants-tes au forum ont conclu également que ces conditions ne respectent pas la dignité humaine. Ils ont rappelé les difficiles conditions de voyage de ces femmes liées au transport de leurs marchandises, l’état lamentable des marchés dépourvus des conditions adéquates d’hygiène et de sécurité, la situation déplorable des dortoirs où les marchands-es et leurs marchandises sont logés à la même enseigne; les violences de toutes sortes subies par les marchands-es sur les routes et dans les marchés, sans oublier les coups reçus des mains des préposés des mairies pour exiger d’eux-elles le paiement de taxes indues ou leur déguerpissement dans les rues.

Les participants-es ont dénoncé les mauvaises conditions de travail des ouvriers/ouvrières de la sous-traitance qui ne peuvent pas se nourrir avec leur salaire journalier, voire prendre soin de leur famille ou payer la scolarité de leurs enfants, etc. Ils ont également considéré le sort des employés-es de la voirie qui ramassent les détritus sans équipements adéquats, ce qui menace leur santé, sans oublier le retard mis dans le paiement de leurs salaires. En outre, le forum s’est penché sur le traitement réservé aux employés publics appelés contractuels, qui paient des taxes et qui n’ont aucune garantie de protection sociale même après des années de service dans une institution publique. Les participants-es se sont prononcés sur les conditions de travail des portefaix et brouettiers qui luttent au quotidien, effectuant des tâches dans des conditions qui ne devraient plus perdurer sur cette terre où, autrefois, les hommes étaient considérés comme des bêtes.

En ce qui concerne les travailleurs domestiques qui sont des milliers à travers le pays, les participants-es au forum ont pris les engagements suivants :

1 Chaque personne dons l’espace où elle évolue :dans les groupes, les facultés, les quartiers, à l’école, à l’église, etc, entreprendra des actions de sensibilisation et de mobilisation sur les conditions de travail des femmes de ménage, des gardiens de maison et des enfants en domesticité, pour un renversement de cette situation. Spécifiquement, l’engagement est pris de réclamer le salaire minimum, le congé, le boni, un meilleur traitement pour cette catégorie de travailleurs. Quand quelqu’un ne peut engager une femme de ménage ou un gardien parce qu’il n’en a pas les moyens, il doit s’organiser pour que le travailleur ne paie pas lui-même les conséquences. Autrement dit, s’il a les moyens de payer uniquement 2 ou 3 jours de travail, qu’il le fasse sur la base du salaire minimum, quitte à s’organiser en famille pour l’accomplissement de certaines tâches domestiques.

2. Chaque personne s’efforcera d’améliorer ses relations avec le travailleur domestique et le traiter comme un être humain ayant des droits à respecter.

Voici la position des participants-es du forum vis-à-vis des petits paysans Chaque participant-e a pris l’engagement de se solidariser avec les paysans dans leurs revendications de meilleures conditions pour cultiver la terre.

En ce qui concerne les ouvriers/ères et les femmes commerçantes, les participants-es au forum ont demandé à tous les citoyens/citoyennes responsables d’être solidaires avec ces travailleurs et de soutenir toutes décisions susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie. Parmi les facteurs à l’origine de la persistance encore aujourd’hui en Haïti des conditions de travail non respectueuses de la dignité humaine figurent le taux élevé de chômage et la mentalité qui soutient l’inégalité entre les citoyens. Les participants-tes ont formulé des propositions aux autorités pour la création d’emplois surtout en faveur des jeunes et qui garantissent le respect de la dignité humaine. Ces propositions concernent 4 secteurs : L’agriculture, l’environnement, l’éducation et la sécurité. Voici quelques unes de ces propositions : a) Dans le domaine de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat L’agriculture est l’un des secteurs où plus de 2 millions d’emplois peuvent être créés si des dispositions sont prises en vue de mettre en valeur les terres, transformer les produits agricoles et chercher de nouveaux marchés. En ce sens, les participants-es demandent à l’Etat haïtien de:
- Mettre en place un vaste programme d’augmentation de la production nationale dans ces domaines : production alimentaire, élevage, pêche et artisanat. Pour ce, l’Etat doit entamer une véritable réforme agraire consacrant l’accès de la propriété aux cultivateurs;
- Multiplier à travers tout le pays des entreprises de transformation des produits agricoles et de création de produits d’artisanat soutenues par des apports en crédits, en encadrements techniques et l’accès à de nouveaux marchés; - Mettre des infrastructures dans le milieu rural comme des routes, des ponts pour une meilleure circulation des produits ; - Rapprocher l’Université d’Etat des paysans, pour aider ces derniers à faire face à certains problèmes qu’ils confrontent. b) Dans le domaine de l’éducation et de la sécurité

L’éducation et la sécurité sont 2 secteurs où l’Etat peut créer beaucoup d’emplois, surtout pour les jeunes. Le pays compte un taux élevé d’enfants non scolarisés et de jeunes universitaires au chômage. En ce sens, le forum demande à l’Etat d’employer ces milliers de jeunes dans un vaste programme de scolarisation après une formation en méthodologie et pédagogie.

De même, plusieurs localités du pays sont dépourvues de forces de sécurité. Le forum demande à l’Etat d’employer ces jeunes au renforcement de la sécurité à travers le pays.

c) Dans la gestion de l’environnement

L’environnement reste l’un des domaines prioritaires pour Haïti et une grande source de création d’emplois : dans la conservation de sol, le ramassage, le traitement et le recyclage d’ordures. Le forum demande à l’Etat de mettre en place un vaste programme de gestion et de protection de l’environnement ce qui lui permettrait de créer des milliers d’emplois, surtout en faveur des jeunes dans le milieu rural et les quartiers populaires urbains.

Le forum propose aux autorités de prélever une partie des taxes sur les transferts de la diaspora afin de dégager des fonds pour la création d’emplois tout en assurant une gestion transparente de ces fonds. Enfin, les participants-tes au forum ont pris l’engagement de continuer la réflexion sur les conditions de travail observées aujourd’hui en Haïti. En ce sens, ils ont décidé de réaliser un procès symbolique sur la situation des ouvriers/ouvrières dans les usines en Haïti à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, le 17 octobre 2009. Liste des organisations ayant participé au forum organisé les 20-22 Août: Représentants/es de la plateforme du Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés (GARR) Représentants/es des organisations de droits humains en Haïti

Représentants/es des comités de droits humains sur la ligne frontalière du coté d’Haïti du Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS)

Représentants/es de plusieurs organisations de base, organisations paysannes, organisations de femmes, organisations d’étudiants-es Représentants/es de syndicats d’ouvriers

Représentants/es d’associations d’employés/es licenciés d’institutions publiques

Représentants/es de l’Office de la Protection du Citoyen L’Ati national

Représentants/es d’associations professionnelles Représentants/es de l’Université d’Etat d’Haïti

Port-au-Prince, 3 septembre 2009

Pour authentification:

Lisane André

Responsable de la Section

Communication & Plaidoyer

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