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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
26 janvier 2014

Victoria Santa Cruz, la culture noire faite femme au Pérou

Son nom complet est Victoria Eugenia Santa Cruz Gamarra, et elle a fait ses premiers pas dans les rues du traditionnel district de La Victoria, où elle est née le 27 octobre 1922. À ses 90 ans d'âge, Huellas Digitales revient sur des passages importants de sa trajectoire artistique.

 

SANTA CRUZ_VICTORIA1

La composition musicale est pour elle comme une habitude dont elle ne peut se défaire, la chorégraphie est une parure de son imagination et l'amour de la culture noire au Pérou, l'oxygène qui lui a permis de vivre comme elle l'a voulu.

Elle est la fille de Nicomedes Santa Cruz Aparicio, un intellectuel, écrivain et dramaturge, et de Victoria Gamarra, issue d'une famille très liée à la peinture et grande danseuse de zamacueca et de marinera. Avec ses personnalités comme tuteurs, Victoria est devenue une véritable héroine de l'art noir péruvien, cet esprit de défenseur lui vient justement de 'entourage familial qui a su lui inculquer le rythme dans le cadre de la vie quotidienne.

Dans une interview télévisée d'il y a quelques années, Victoria raconte que pendant qu'ils attendaient le déjeûner de sa maman, ses frères et elles se divertissaient en tapant sur la table, inventant ainsi des rythmes inhabituels. Entre deux plats, l'art surgissait à partir des jeux entre frères et soeurs.

Elle avait dix frères et soeurs, parmi lesquels se distingua Rafael, un torero de grande classe, que beaucoup connurent sous le nom de  “La maravilla negra del toreo”(a merveille noire de la tauromachie); Nicomedes, l'illustre décimiste et spécialiste du folklore afropéruvien comme elle  ; et César, musicien et compositeur comme elle.

Mais son parcours professionnel a débuté en force sur les scènes qu'illuminèrent le groupe de danse et de théâtre Cumanana, qu'avait créé son frère Nicomedes en 1957. Deux ans plus tard, elle y prenait déjà part en tant que co-directrice du groupe, partageant les heures de création et de talent avec son petit frère  (de trois ans), qui la surprenait toujours par sa maitrise naturelle de l'art de la  décima.

 

Elle quitta Cumanana en 1961, après y avoir collaboré à la recherche musicale et à la récupération des racines africaines du folklore noir péruvien. Son éloignement fut occasionné par l'obtention d'une bourse du gouvernement français pour des études spécialisées.

Victoria rappellera toujours que c'est dans ce groupe qu'elle put déployer son génie artistique, comme lorsqu'elle créa la belle pièce musicale  ‘Callejón de un solo caño’, dans laquelle elle s'occupa de presque tout : composition musicale, direction scénique, chorégraphie, jusqu'au design et à la confection des costumes.

Vers l'Europe

Avant ses 40 ans, Paris, la 'Ville lumière' l'accueillit et elle y étudia à l'Université du Théâtre des Nations et à l'École Supérieure d'Études Chorégraphiques.

Peu des gens savent qu'elle est une raffoleuse de la mode. Mais cette connaissance ne vient pas du ciel, puisqu'elle s'y prépara durant les années 60 sur le Vieux Continent. Elle participa là-bas à la conception des costumes pour la mise en scène de nombreuses oeuvre comme ‘El retablillo de don Cristóbal’, de Federico García Lorca, una farsa para guiñol dans un acte de 1930; et se distingua également dans la création des costumes de  ‘La rosa de papel’, écrit en 1924 par Ramón del Valle Inclán.

Le passage en Europe fut fondamental dans la vie de Victoria. Il la centra, la situa dans le monde de l'art, et peu à peu, on reconu ses origines de même que la grande richesse de la culture noire du Pérou. Elle retourna au pays avec une force créative impressionnante et pensa tout de suite à réaliser quelque chose de grand, et pour cela, il lui fallait sa propre compagnie.

Elle fonda donc en 1968 Teatro y Danzas Negras del Perú (Théâtre et Danses Noires du Pérou), initiant ainsi une nouvelle étape dans l'étude de la culture noire dans notre pays. La troupe se présenta dans tous le sthéâtres nationaux et inonda de couleur et de rythme la jeune télévision péruvienne.

Avec son grouepe talentueux, elle nous représenta aux festivités des Jeux Olympiques de Mexico 1968; à cette occasion, les danseurs péruviens obtinrent une médaille et un diplome pour leur prestation impeccable.

 Au cours des années 70, elle débute une série de tournées dans diverses localités des États-Unis elle aurait d'ailleur sbien pu y rester avec tout le confort, mais son esprit solidaire la poussa à rentrer, consciente du travail qu'elle devait mener sur la terre qui l'a vu naitre.

Son retour au pays ne fut donc pas vain, puisqu'elle fut nommée directrice du Centre d'Art Folklorique. Des années de grande productivité artistique au cours desquelles Victoria prit part de manière brillante au Premier Festival et Séminaire Latinonoaméricain de Télévision en 1970, organisé par l'Université Catholique du Chili et au cours duquel elle allait recevoir le prix de la meilleure flokloriste. L'année suivante, en 1971, elle fut invitée par le Gouvernement Colombien au Festival de Cali, et à cette occasion, elle fit ressentir que les racines noires de la région ne sont pas uniquement le patrimoine d'un seul pays mais de nombreux autres également.

Avec cette souche de défensuer de l'identité culturelle dans le pays, le Gouvernement la nomma à son tour en 1973, directrice del'Ensemble Naitonal du Folklore de l'Institut National de la Culture  (INC). Sa fonction à cet important poste fut reconnue par les uns et les autres, puisque qu'elle hissa toujours haut le nom du Pérou.

Du Pérou au monde

Des pays comme les États-Unis, le Canada, El Salvador, le Guatemala en plus de la France, la Belgique, la suisse et la Principauté de Monaco firent connaissance avec son talent et sa force. Dans tous ces endroits, les tournées qu'elle débuta en 197 furent de véritables célébrations de la danse, de l'art de la parole, mais ce furent également des démonstrations d'un authemtique culte au rythme ancestral que seule une mémoire avec une conscience et une identité peuvent conserver. Et Victoria le savait très bien.

C'est ce qui explique qu'elle ne fut pas surprise qu'un beau jour, le critiqie d'art du  The New York Times émit l'opinion selon laquelle la troupe qu'elle dirigeait était “la meilleure et la plus intéressante compagnie de danses folkloriquesque l'on ait vu depuis de nombreuses années ”.

Elle occupa ainsi le poste de directrice de l'ensemble national jusqu'en 1982, jusqu'au second gouvernement Fernando Belaunde Terry. Son activité intellectuelle fébrile l'amena à émigrer et chercha dans l'enseignement et la diffusion la meilleure manière d'exprimer son amour du Pérou.

Aux États-Unis, à l'Université Carnegie Mellon de Pittsburgh, Pensylvanie, elle fut professeure invitée en 1982 pour y donner des ateliers ; avant de devenir professeure assistante de 1983 à 1989; et enfin professeure émérite de 1989 à 1999.

Son agitation artistique et intellectuelle ne pouvait pas s'apaiser, et au cours des 15 dernières années -radicada en el Perú- elle a voyagé pour donner des ateliers de rythme et de théâtre à New York et dans le Connecticut (États-Unis.), invitée par le Théâtre Latinoaméricain; et en Europe par le Théâtre de  Sole, (Italie), offrant son savoir dans d'importantes ville comme Milan, Ferrara, Modène et Bologne.

De toute l'Espagne, de Madrid, de Valence, Séville, Huelva ou Tenerife, les invitations ne cessaient de lui parvenir jusuqu'à il y a peu d'années, alors qu'elle était encore octogénaire. Même d'Israel elle a reçu des invitations pour donner des cours à Jérusalem et à Tel -Aviv.

Dans une belle composition musicale intitulée  ‘Me gritaron negra’, que Victoria chantait avec une puissance une grace et une dignité sans égales, elle disait dans les dernières lignes :

“Al fin / Al fin comprendí / Al fin / Ya no retrocedo / Al fin / Y avanzo segura / Al fin / Avanzo y espero / Al fin / Y bendigo al cielo porque quiso Dios / que negro azabache fuese mi color / (…) ¡Negra soy¡”. (Enfin / Enfin j'ai compris /Enfin / Je ne recule plus / enfin / Et j'avance avec assurance / enfin / javance avec espoir / enfin / et je bénis le ciel car Dieu a voulu / que noir de jais soit ma couleur / (...) Je suis noire ! )
Telle est et sera toujours Victoria Santa Cruz Gamarra.

(Carlos Batalla)
Fotos: Archivo Histórico El Comercio

 

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

http://elcomercio.pe/blog/huellasdigitales/2012/10/victoria-santa-cruz-la-cultura

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