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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 décembre 2011

Juan de Dios Mosquera : "la Colombie ressemble à son équipe de football, et non à son Gouvernement de blancs."

 

En Amérique latine et dans les Caraïbes, il y a 150 millions de personnes de descendance africaine. Le colonialisme dans l'exercice du pouvoir et le racisme régnant dans la société maintiennent  25% des Latino-Américains et Caribéens dans la pauvreté et l'exclusion. Une nouvelle forme d'esclavage sans les chaines.  Nous avons échangé avec  deux leaders de la Colombie et de  l'Équateur.

afroPar Paco Gómez Nadal

L'Institut d'Études Politiques pour l'Amérique Latine et l’Afrique (Instituto de Estudios Políticos para América Latina y África - IEPALA) a récemment présenté un travail  monumental: l'Atlas des Afrodescendants en  Amérique Latine (Atlas de Afrodescendientes en América Latina). Une radiographie écrite et cartographiée  de l’histoire honteuse de l’esclavage et de la triste réalité contemporaine de l'exclusion.

L'Atlas est important car il rend visible une population dont on sait peu de choses. Les recensements ne spécifient pas, dans la majeure partie des cas, combien il y a  d’afrodescendants, et par conséquent, on ne connait pas bien leur situation. Un rapport du PNUD et du Secrétariat Général ibéroaméricain, reconnait que  " l'invisibilité [des afrodescendant ] ne se réduit pas seulement  à des variables numériques, mais s'étend à des modes de vie, des coutumes, des rites, des contributions artistiques, scientifiques, culturelles et idéologiques".


Otramérica a profité de la semaine de sensibilisation sur la situation des Afrodescendants organisée par l’IEPALA pour parler en profondeur  avec deux leaders des mouvements afrodescendants en  Colombie et en Equateur.

 

Colombie… football ou politique?

Juan de Dios Mosquera, directeur national du Mouvement pour les Droits Humains des Communautés Aafrocolombiennes (Movimiento por los Derechos Humanos de las Comunidades Afrocolombianas - Cimarron), est catégorique lorsqu’il dénonce le fait que dans son pays, la Colombie, rien n'a changé " la mentalité coloniale persiste et ce sont  les descendants des esclavagistes qui détiennent le pouvoir. "


atlasDans l’interview vidéo que nous diffusons, Mosuerra   parle de l'exclusion dans tous les secteurs en Colombie (gouvernement, entreprise privée, éducation ...) et n’épargne personne : les créoles, la coopération internationale, l'Église catholique ... Pour le mouvement Cimarrón , les afrodescendants  sont condamnés tant qu’ils ne seront pas  "ciblés par des politiques", tant que l’éducation ne sera pas renforcée, tant que la porte de la participation politique réelle ne sera pas ouverte, et tant que le pays ne sera pas décolonisé.

La réalité est que les  besoins de base de 80% des Afrocolombiens ne sont pas satisfaits et  76% d’entre eux vivent dans la pauvreté (Becerra et Buffa, 2006). Et il ne sont pas peu nombreux, puisqu’on estime qu’entre 19 et 21% des Colombiens sont afrodescendant , mais ils ne sont représentés par ce pourcentage dans aucune instance. Mosquera affirme donc dans ce sens que "la Colombie ressemble[concernant le poids des afrodescendants ] à son équipe de football, et non à son Gouvernement de blancs." Mais la société colombienne préfère rester dans les clichés : "Le noir est bon pour la culture, le sport et le sexe, telles sont ses limites." Ces préjugés et une éducation essentiellement coloniale ont démobilisé de manière permanente les afrodescendants  et fait qu’ils se  "se satisfont  de l'aumône." La route vers le "développement humain des afrodescendants " requiert "des politiques publiques claires, un soutien ciblé et des  réparations, car autant le  gouvernement colombien que les  Européens doivent accepter et réparer les dommages profonds causés à nos peuples."

 

Le discours volé

En Équateur, les choses ne vont pas mieux. Même si,  comme le dit Edizon León, spécialiste du Centro Ecuatoriano de Desarrollo y Estadios Alternativos (CEDEAL)  que la reconnait que «la légalité» du pays a reconnu  depuis 1998 l'existence des afroéquatoriens, la volonté politique concernant les minorités demeure bornée.

Et on reparle de football. "Quand l'Équateur a réussi à se qualifier au Mondial pour la première fois en 2002,  la plupart des joueurs étaient afrodescendants et c’est de là qu’a commencé à changer la perception négative et raciste des Équatoriens envers nous." La " folklorisation" du fait afrodescendant est générale en  Amérique Latine, le respect de son histoire, de son patrimoine et de sa contribution à la construction des républiques indépendantes est nul.

La population afroéquatorienne dépasse le million de personnes et représente presque  8% de la population de l'Équateur. La plupart vivent dans la région d'Esmeraldas, à la frontière de la Colombie.


León croit que le moment est critique. D'une part, parce que "le gouvernement a pris toutes les revendications des mouvements africains et autochtones et les a incorporées dans la nouvelle Constitution, mais il n'y a pas de réelle volonté de les exécuter." Edizon León estime que c’est un pas en avant, mais aussi un piège car, le pouvoir coopte des leaders, fait du chantage et menace. La participation se fait  par décret en Équateur.


"Certains leaders afrodescendants ont crû au conte." Si, selon le chercheur social, le  gouvernement a fragmenté le mouvement indigène et a criminalisé les critiques, avec les afrodescendants, les choses sont quelque peu différentes.


"Plus d'aide nous parvient, mais il n’y a pas de reconnaissance des questions de fond, comme l’est le droit au territoire."


León insiste sur le fait que la situation est critique à Esmeraldas. "Si, avant nous étions considérés comme un refuge  pour le repos des guérilleros et des paramilitaires, le conflit se déroule désormais pleinement  dans notre région." Mais en plus, le gouvernement pousse les populations au déplacement puisqu’il veut encourager à Esmeraldas les mégaprojets agroalimentaires qui se heurtent fortement à la gestion traditionnelle du territoire par les afro-équatoriens.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

 http://otramerica.com/temas/la-hora-de-los-afrodescendientes/723

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