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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
31 octobre 2011

Les AfroLatinos partout présents demeurent pourtant invisibles

 

 Luttes avec l'image de soi, une assimilation qui reflète l'expérience Noire américaine


Par Cynthia Griffin, Special pour NNPA de Our Weekly –
 

 blackL'an dernier au cours d'une discussion sur l'augmentation du nombre d'Africains Américains dans la Major League Baseball, le voltigeur de centre des Angels, Torii Hunter dans une interview accordée à USA Today a qualifié les joueurs Latino de peau foncée d' "imposteurs" et a déclaré qu'ils ne sont pas Noirs.

Les déclarations de Hunter mettent le doigt sur un problème qui explique en partie pourquoi la spécialiste Miriam Jimenez Roman organise une conférence de trois jours intitulée “Afro Latinos Now! Strategies for Visibility and Action,” du 3 au 5 novembre à New York qui constituera le plus gros effort du genre réalisé par son organisation, The AfroLatin@ Forum.

"C'est la première fois que nous réalisons un événement d'une telle envergure où nous discutons spécifiquement des AfroLatinos. Nous allons regarder la situation sur le terrain et là où nous voulons être, et il y aura un fort accent sur les jeunes, surtout ceux qui sont dans leurs années de collège. "

Jimenez Roman indique que la confusion démontrée par Hunter au sujet de la connexion entre les Africains nés en Amérique Latine et ceux nés aux États-Unis est particulièrement aigue pour les Afrolainos de 11 à 15 ans installés aux États-Unis. Dans le contexte d'une société raciste comme celle de l'Amérique, ils ne se battent pas seulement pour comprendre ce qu'ils ressentent par rapport à eux-mêmes, mais aussi sur la manière dont ils sont liés aux autres, particulièrement avec les Africains Américains.

Il y a des millions d'Afrolatinos en Amérique, qui vivent leur vie dans un contexte essentiellement "Noir", mais ils s'identifient comme blancs, à cause de la stigmatisation perçue dans le fait d'être africain américain, affirme Jimenez Roman qui est venue sur la Côte Ouest l'an dernier pour la promotion de son nouveau livre "Afro-Latino Reader", coédité avec Juan Flores. La publication de 584 pages, qui est née des notes que les deux professeurs rassemblaient toujours pour les cours qu'ils donnaient, explore les personnes afrodescendantes de l'Amérique Latine et des Caraïbes.


afrolatinos"Dans la communauté Latino, nous avons tendance à ne pas parler de race, c'est de mauvais goût d'évoquer la race et le racisme. Cela renvoie à l'idée de se plaindre. Si vous en faites une grosse affaire, vous devenez le problème, et on dit que vous jouez la carte raciale ", explique Jimenez Roman, qui est d'origine afroportoricaine, et qui a noté que lors des événements associés au livre, les Africains Américains étaient beaucoup plus réceptifs au lecteur que ne l'étaient les AfroLatinos.

Elle attribue cela à une dichotomie sur la race que de nombreux Afrolatinos expérimentent dans leurs pays d'origine.

"Il y a l'idée que la culture Latino est Métis et européenne et indienne, et les Noirs n'en font pas partie", indique la professeur, qui donne des cours sur la Race et l'Ethnicité, au sujet de la manière dont de nombreux pays Latino-américains s'identifient. En fait, les Latinos descendants d'Africains sont dans de nombreux pays depuis au moins 200 ans.

S'ils reconnaissent leurs citoyens noirs, Jimenez Roman affirme que les responsables diront "ils vivent tous sur la côte."

"Cela les isole. Ou en Bolivie, par exemple, il y a des communautés noires dans les montagnes. Ils sont totalement isolés et ignorés. "

Mais en réalité, les Afrolatinos se trouvent partout en Amérique Latine tout comme ils sont États-Unis, affirme la dirigeante du Forum AfroLatin @.

À Los Angeles, il y a une grande communauté de Garifunas et de nombreux AfroMexicains à Pasadena.

On retrouve principalement les Garifunas en Amérique centrale le long de la côte Caraïbe du Belize, du Guatemala, du Nicaragua et du Honduras, et ils sont des descendants d'esclaves naufragés qui se sont mariés avec les Indiens caraïbes sur l'île de Saint-Vincent.

Autant les Britanniques que les Français ont tenté de coloniser l'île, mais ils ont d'abord été repoussés par les habitants. Cependant, en 1796, les Britanniques ont été victorieux en prenant le contrôle et en expédiant les Caraïbes noirs à Roatan, une île au large de la côte du Honduras. Environ seulement 2500 d'entre eux ont survécu au voyage.

Comme l'île était trop petite et infertile pour supporter leur population, les Garifuna, à l'origine appelés Garinagu, ont demandé aux autorités espagnoles la permission de s'établir sur le continent. New York compte la plus grande population garifuna, fortement dominée par les Honduriens, les Guatémaltèques et les Béliziens. Los Angeles se classe deuxième  et est peuplée par les Garifuna du Belize.

La Cité des Anges abrite également un nombre croissant d'AfroMexicains qui ont à la fois une place contemporaine et historique dans la ville.

Selon Alva Stevenson, coordinatrice du Department of Special Collections de l'UCLA, qui a passé les 12 dernières années à faire de la recherche et à donner des cours sur les AfroMexicains, il y avait quelques AfroMexicains en Californie dans les premiers jours précédant l’entrée de l'État dans l'Union, y compris la famille Pico.

Deux des membres les plus éminents du clan Pico, Pio et Andres étaient impliqués de très prêt dans le développement de la région et de l'État. Les deux étaient des hommes d'affaires qui ont amassé des fortunes de leurs diverses entreprises, dont un hôtel au centre de Los Angeles.

Les deux ont également servi de personnalités politiques centrales-Pio comme le dernier gouverneur mexicain de Californie et Andres en tant que membre de l'Assemblée une fois que la Californie était entrée dans l'Union. Des rappels de leur présence aujourd'hui comprennent une artère importante, Pico Boulevard, nommée en l'honneur de Pio.

Leur grand-mère paternelle, María Jacinta De La Bastida, a été inscrite dans le recensement de 1790 comme mulata.

Stevenson indique que ce qui est important à noter est que la famille Pico était originaire d'une ville au Mexique, Sinaloa, où les deux tiers des habitants sont de descendance africaine. Et ce genre de mélange n'est pas inhabituel.

"En fait, un professeur a fait une étude de l'ADN (au cours des 20 dernières années) dans le nord du Mexique et a constaté que deux tiers des personnes vivant dans la région ont des ancêtres africains," affirme Stevenson.

Sinaloa était également l'une des secteurs d'où les 44 colons mexicains qui ont contribué à fonder Los Angeles sont venus. Environ la moitié de ces pobladores, comme on les appelait, étaient d'ascendance africaine.

Les Afro Mexicains contemporains ont émigré dans la région de Pasadena. La conjoncture économique difficile a également poussé de nombreux Afromexicains plus jeunes, pour chercher du travail, à émigrer vers le nord aux États-Unis, et Stevenson affirme qu'ils ont atterri dans des endroits comme Santa Ana dans l'Orange County et la région de Raleigh-Durham, NC.

Jimenez Roman ajoute que bien que les AfroLatinos sont partout aux États-Unis, il ya des poches plus importantes dans des régions comme Bay Area en Californie, en Louisiane (aidant à la reconstruction de la Nouvelle-Orléans), en Floride, à Detroit, à Chicago, d'autres parties du Midwest et des Carolines.

"Il ya une petite communauté d'AfroMexicains qui ont traversé la frontière pour immigrer et qui travaillent actuellement dans des usines de transformation dans les Carolines
", affirme Jimenez Roman, soulignant qu'on retrouve aux États-Unis des afrodescendants de la Colombie, du Panama, du Guatemala et du Brésil.

Pour l'artiste afrobrésilien Bakari Santos, son arrivée à Los Angeles n'était qu'une escale pendant un voyage sac à dos en Europe il ya 33 ans, il a rendu visite à un ami qui est maintenant l'ambassadeur des États-Unis au Niger. Il dit en riant: "
Je suis toujours en route vers l'Europe."

"Je suis venu ici et j'avais un visa de touriste, et j'ai trouvé un emploi au consulat brésilien
", déclare Santos, qui a fini en Amérique après avoir reçu un diplôme collégial en Biologie au Brésil. "J'ai passé 10 ans avec le consulat, puis après 10 ans, j'étais fatigué de travailler pour le gouvernement."

Santos a fait appel à son penchant artistique de longue date et a commencé à se concentrer sur l'idée de gagner sa vie grâce à son art.

"Il y avait très peu de Brésiliens dans la ville à l'époque, la communauté qui m'a vraiment aidé et m'a vraiment permis de bien me lancer c'est celle des africains-américains ", se souvient Santos, qui à l'époque dans les années 60 portait encore Afro.

Santos est un exemple des types d'Afrolatinos qui immigreront généralement Amérique, déclare Jimenez Roman - classe moyenne ou supérieure ayant les ressources pour voyager. Beaucoup d'Afrolatinos sont relégués au bas de l'économie en Amérique Latine et n'ont tout simplement pas les ressources nécessaires pour faire beaucoup plus que subsister.

Ils sont souvent ignorés, ajoute la chercheuse, qui affirme que l'invisibilité suit traditionnellement ceux qui sont capables d'immigrer aux États-Unis.

C'est l'une des raisons pour lesquelles il est en fait si difficile de déterminer exactement combien d'Afrolatinos se trouvent aux États-Unis. Cela explique aussi pourquoi l'AfroLatin@ Forum a lancé un partenariat avec le Bureau du Recensement Américain afin de promouvoir une campagne qui a exhorté les AfroLatinos à cocher à la fois les cases Latinos et Noirs.

"Lors du recensement de 2000, il y a eu 3 millions de Latinos qui ont dit qu'ils sont noirs; près de 2 millions d'entre eux vivent à New York", indique Jimenez Roman.

Mais ce n'est que la pointe de l'iceberg.

Comprendre la réalité de la vie en tant qu'afroLatino dans une Amérique très Noire et Blanche signifie reconnaître et parler du fait que plus une personne est claire, plus il est probable que cet individu dise qu'il est blanc, minimise, sous-estime ou ignore même ses racines africaines.

À l'autre extrémité du spectre, il y a les AfroLatinos plus foncés, qui selon Jimenez Roman vivent souvent dans ou à côté de communautés africaines américaines, se marient avec eux et adoptent l'identité africaine américaine.

Et puis il y a une troisième réalité explorée dans un documentaire d'une heure, “The Neo-African Americans,”  ("Les néo Africains Américains ") du cinéaste d'origine Ghanéenne Kobina Aidoo qui questionne l'identification ethnique dans le contexte d'une immigration rapide, volontaire d'Afrique et des Caraïbes (et d'Amérique latine) aux États-Unis qui transforme l'histoire "africaine-américaine" . Des Somaliens au Minnesota, aux Trinidadiens à New York, aux Afrocubains à Miami, aux Nigérians dans le Maryland, le terme "africain américain" signifie quelque chose d'unique pour chacun. Mais le film pose la question de savoir si ces personnes sont considérées comme des Africains-Américains.

 Traduit de l'Anglais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

 http://www.ourweekly.com/issues-archive/afro-latinos-everywhere-yet-invisible

 

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G
Malheureusement, tout comme l'homme est un ennemi, un loup pour l'homme, le noir est déjà, depuis bien longtemps un ennemi, un loup pour le noir.
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S
Merci, Guy, pour cette mine d'infrmations. On voit bien qu'aux Etats-Unis, il y a un clivage Noirs afro-américains et Noirs latino-américains. Il sera sans doute un jour question d'une troisième catégorie : Noirs d'Afrique qui seront sans doute mal vus des deux premères catégories. Sans doute le manque de communucation entre les Noirs à travers le monde - malgré un destin commun - est la cause de ces clivages. Si nous n'y prenons garde, le premier ennemi du Noir sur la scène internationale sera le Noir.
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