Des afrobrésiliens au 3ème Fesman à Dakar

POR MAURICIO PESTANA

 En arrivant à Dakar au Sénégal, le sentiment qui nous habite est plus grand que le simple fait de participer au plus important festival de la culture noire de tous les temps. L'impression était celle d’un retour au point de départ et de tenter de comprendre où nous allons en tant que descendants d'un peuple millénaire qui a encore beaucoup de comptes à régler avec le reste de l'humanité

 

Le Brésil était l'invité d'honneur du Troisième Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) à Dakar, au Sénégal. Notre délégation était la plus grande lors de cet événement avec plus de 300 personnalités, entre les artistes, les groupes de musique, de danse et de théâtre et des intellectuels. Outre les manifestations artistiques et culturelles, le IIIème FESMAN incluait dans son programme un forum regroupant des intellectuels des pays participants qui ont débattu sur les questions liées à la Renaissance Africaine, idéalisé et coordonné par l’écrivain et vice-président de l'Assemblée Nationale du Sénégal, Iba Der Thiam.

Dans quelle mesure la diaspora noire peut contribuer à la renaissance africaine, et dans une voie à double sens, le repositionnement socioéconomique de l’Afrique peut-il contribuer à l'émancipation, à la promotion et à l'intégration des afrodescendants? La question posée par Kabengele Munanga, anthropologue et professeur congolais vivant depuis 35 ans au Brésil, a été un des points forts des conférenciers qui ont pris part à une table ronde sur les relations- convenables et complètes - entre les pays de l'Afrique et la diaspora africaine.

Le Brésil a été salué comme le pays ayant envoyé le plus grand nombre d’intellectuels au Forum, environ 50, une réponse massive à la proposition d'examiner la situation actuelle de l'Afrique et des afrodescendants. En plus de Munanga étaient présents Petronilla Beatriz Gonçalves da Silva, post-doctorante en théorie de l’éducation et Zélia Amador de Deus, docteure en sciences sociales et présidente de l'Association Brésilienne des Chercheurs Noirs.

La Renaissance africaine était présente dans tous les débats, tant dans le domaine artistique que dans le milieu intellectuel, mais des questions comme la place que la Chine est en train de prendre Afrique ont été peu discutées. Côté brésilien, la critique a été suscitée par l’absence d'artistes comme Gilberto Gil, Carlinhos Brown et de celui qui allait recevoir le plus grand hommage lors de ce festival, l'ancien président Lula, le chef d’état ayant le plus travaillé pour le rapprochement du Brésil et de l'Afrique.

Le FESMAN  a pris fin sur une seule certitude: le chemin à parcourir pour que l'Afrique et la diaspora établissent des relations plus étroites est encore long. Et une chose est certaine: la renaissance africaine passe essentiellement par cette voie.

 Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga