Wade accueille 163 étudiants haïtiens au Sénégal
En panafricain convaincant et convaincu, en combattant indomptable de l’unité africaine, le chef de l’Etat a, à l’accueil des étudiants haïtiens au pied du Monument de la Renaissance africaine, prononcé hier un discours fédérateur, dont le sens et la quintessence résisteront à l’usure du temps. Me Wade qui a invité ces fils d’Haïti à se sentir chez eux, sur leur terre ancestrale, a remonté la pente du temps, pour rappeler les balafres hideuses que l’esclavage et la colonisation ont posées sur le visage de notre continent. Pour rectifier le tir, il a exhorté les africains de tous les continents, à travailler à l’unité dans un monde des grands ensembles, la tolérance et l’humanisme en bandoulière.
Rappelant que le jour du mercredi 13 octobre marque une victoire éclatante pour l’Afrique, Me Wade a signifié aux étudiants que leur épopée d’hier aura duré plus de six siècles. En ce sens que le continent a été victime pendant longtemps d’une confiscation de sa liberté.
« Vous êtes des membres à part entière de notre grande famille. Vous avez une place dans nos cœurs. Venez reprendre la place qui vous revient de droit », a dit le Président Wade, à l’intention des haïtiens, à qui il a rappelé les mérites d’une Afrique différente, parce qu’indépendante, ainsi que le symbolise le Monument de la Renaissance, bâti sur la pointe la plus extrême du continent, choisi pour leur accueil.
Pour donner une belle leçon de panafricanisme à la jeunesse du continent de Cheikh Anta Diop, le président de la République a rappelé l’aventure de Clédor. Du nom de ce Sénégalais du Walo, parti faire ses humanités coraniques au Fouta Toro, et qui finira par être capturé comme esclave. Déporté à Haïti, le brave a, selon Wade, rejoint Portorico, avant de regagner le Sénégal, à force de résistance et de dextérité.
Selon le président de la République, la décision du gouvernement d’accueillir ces étudiants au pied du Monument de la Renaissance traduit la disponibilité de l’Afrique entière à les soutenir après la tragédie qu’ils viennent de subir.
Puisqu’à quelques lieues, se trouve l’Ile de Gorée : symbole d’un esclavage odieux. C’est pourquoi dira Wade, déclamant sur un ton pathétique à tenir en émoi l’assistance : « L’Ile de Gorée. L’Ile-mémoire. Gorée au nom inépuisable. Lieu de tant de souffrances humaines, de temps de larmes de nos ancêtres, victimes du commerce triangulaire odieux qui a soumis notre continent à un pillage de ses ressources humaines ».
« L’Afrique berceau de l’humanité ne meurt jamais », a affirmé le chef de l’Etat, qui a rappelé que dès les premières heures du drame qui a frappé Haïti, le Sénégal a fait adopter, par l’Union africaine, une déclaration solennelle, allant dans le sens de soutenir moralement et matériellement le peuple meurtri.
Me Wade a tenu à préciser que le gouvernement a pris toutes les mesures pour assurer aux étudiants haïtiens des conditions d’études propices à l’éclosion de leur talent. Si bien qu’après leur cursus universitaire, qu’ils soient parmi les élites qui participeront remarquablement à la reconstruction de leur pays détruit. Pour ce faire, le Président Wade a exhorté les étudiants sénégalais, à ne ménager aucun effort pour initier leurs frères aux subtilités de la société sénégalaise.
Enfin, le Pape du Sopi a invité tous les africains à travailler pour la réalisation de l’unité du continent noir, à l’heure des grands ensembles. La tolérance et le sens de l’humanité en bandoulière.
Thierno Ndiaye
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