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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
14 juillet 2010

Entrevue Susana Baca, la voix du folklore afropéruvien

En ces moments où le football est roi, Susana Baca s’amuse en voyant courir la balle. Elle ne fait pas que se divertir, elle théorise. À la fin des années 70, elle a appris toutes les règles de ce sport lorsqu’elle a su que ses élèves étaient très déçus d’avoir une enseignante qui ne les soutenait pas dans le développement de leur principale passion. Récursive, elle s’instruisit et trouva le moyen de les stimuler sur les terrains de foot tout les en faisant progresser dans ses cours artistiques. Depuis, elle sent que la musique et le football partagent beaucoup plus que le simple fait de compter sept lettres (6 en espagnol).

bacaCela fait un moment que l’artiste péruvienne n’a plus le temps de donner des cours théoriques, mais actuellement, elle mène des activités didactiques très populaires dans lesquels le public de toute l’Amérique Latine devient son corps étudiant le plus fidèle. Elle se promène dans le landó, explore les autres airs traditionnels du Pérou, fait des recherches sur côte de son pays, et conquiert aussi la musique des montagnes. Susana Baca est l’héritière du patrimoine de Chabuca Granda (créatrice de la valse La flor de la canela’), elle est également la voie qui maintient en vie une grande partie de tradition afropéruvienne. Elle se trouve actuellement au Congrès Ibéroaméricain de la Culture de Medellín pour exposer sa musique, réfléchir sur les processus culturels du continent, et pourquoi pas, donner son avis sur le football.

Comment avez-vous entrepris votre recherche sur le folklore afropéruvien?

Ma première expérience dans la recherche fut familiale, parce que chez moi, il m’arrivait de voir les adultes prendre une guitare et se mettre à chanter. Plus tard, lorsque je suis entrée à l’université, je me demandais comment vivaient les musiciens, et puis j’ai réalisé un travail de terrain en visitant les descendants des africains et de là, nous avons édité un livre avec Francisco Basili et Ricardo Pereira.

Quelles sont les différences entre les musiques de la côte pacifique du Pérou et les manifestations de l’intérieur?

La musique afro est beaucoup plus joyeuse, tandis que la musique andine exprime la nostalgie d’une population, mais le plus émouvant dans nos sonorités est que l’on peut profiter également de ce mélange merveilleux qu’est la musique afroandine et on le voit dans les chants d’adoration et dans les chants de Noël. C’est le cas par exemple du mélange du zapateo des noirs et les vers nostalgiques de l’intérieur.

Ricardo Pereira, votre époux est un peu le coauteur de vos disques… Quelle est sa principale contribution dans votre musique ?

Je dois dire que lorsque Ricardo est apparu, ma vie professionnelle a complètement changé. Il s’est chargé de travailler sérieusement sur ma musique, car je fais les enregistrements avec lui, même s’il m’aide aussi à organiser les répétitions avec les membres du groupe. Sur les premiers disques, il a assumé la conception de toute la partie graphique et après tant d’années ensemble, il est en train de travailler sur la pochette de double album Mama, qui est un hommage à mes deux mères : ma mère biologique et Chabuca Granda.

Existe-t-il des points communs ente la musique de la côte du Pérou et les airs du Pacifique colombien?

Vous avez une musique qui s’appelle le mapalé et je la trouve semblable à nos festejos. Je sens qu’il y a beaucoup de choses qui nous connectent. J’ai été très proche de Totó la Momposina et de doña Petrona Martínez, car vos tambours sont les mêmes que les nôtres. On a vécu la même chose en Afrique du Sud, et c’est merveilleux que ces rencontres se produisent, ce qui corrobore le fait que nous venons de là.

Vous avez été l’assistante personnelle et l’amie de Chabuca Granda, quel fut le principal apprentissage reçu d’elle?

Elle a été très généreuse avec moi. Elle l’a été avec sa maison, avec ses livres ; écouter sa musique pour moi était comme boire l’essence péruvienne. Elle voyageait beaucoup et elle disait à ses proches : “faites que Susana entre à la maison et écoute la musique”. Chabuca a eu des périodes d’exploration de la musique de la région des montagnes, de même qu’elle a fait des recherches sur la vie des personnages typiques de la côte. À cette époque, elle était dans son bureau, elle a regardé par la fenêtre et a vu une femme qui traversait un pont, et là elle a composé La flor de la canela. Un jour, elle m’a amené chez la femme qui l’a inspiré, elle s’appelait Victoria Angulo, elle était déjà un peu âgée, mais elle conservait son lignage de reine. Chabuca s’inspirait des personnages typiques de notre réalité.

Quels sont les compositeurs que vous prenez le plus plaisir à interpréter?

J’aime beaucoup chanter Silvio Rodríguez, même si je ne le fais plus beaucoup, car il est très diffusé. Je me sens très bien à interpréter les poètes péruviens et latino-américains. J’ai même enregistré certains poèmes avec austérité, nous appelons ce disque A capella.

Comment est arrivée la maison de disque Luaka Bop du musicien écossais David Byrne?

C’est très étrange, car cette maison de disque est née parce que David Byrne voulait surprendre ses amis avec une musique presque méconnue, mais c’est désormais fondamental pour exposer notre travail. Il a soutenu des initiatives en Colombie, au Venezuela et au Pérou. Il m’a rencontré parce qu’un professeur d’espagnol a enregistré certaines de mes chansons et les lui a montré, et dans cet enregistrement il y a avait le fameux María landó, et c’est avec cette chanson que Byrne commence à parler espagnol. C’est grâce à cela, en partie, que notre musique est connue dans le monde entier.

On dit toujours que vous êtes une diva…

Non. Au Pérou, nous avons compris qu’une diva est une star arrogante, mais je ne suis pas comme cela. J’adore que les gens m’approchent et m’embrassent.

Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga  http://guyzoducamer.afrikblog.com

Source: El Espectador

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