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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 décembre 2009

Discrimination contre les Africains-Iraquiens à Zubyar

basra

Un garçon joue à Zubayr, une version miniature de Harlem, dans la ville de Basra au Sud. La population des Afro-Iraquiens est d’environ 1,2 millions.

Par TIMOTHY WILLIAMS

Traduit de l'Anglais par Guy Everard Mbarga

BASRA, Iraq — Officiellement, l’Iraq est une société où la couleur de la peau est invisible et qui, dans la tradition du Prophète Mohammed, traite les noirs avec égalité et respect.

Cependant, dans les rues bondées et sales de Zubayr, le Harlem version miniature de l’Iraq, les Africains Iraquiens parlent d’une discrimination si forte dans la culture Iraquienne que l’on parle habituellement d’eux en utilisant le mot “abd” — esclave en Arabe — , on leur interdit les mariages interraciaux et on leur refuse même les emplois subalternes.

Les historiens affirment que la plupart des Africains-Iraquiens sont arrivés en tant qu’esclaves en provenance de l’Est de l’Afrique dans le cadre du commerce des esclaves par les Arabes à partir d’il y a environ 1400 ans. Ils travaillaient dans les marais salants du sud et dans les champs de canne à sucre.

Bien que l’esclavage — qui en Iraq concernait les Arabes de même que les Africains — fut banni dans les années 1920s, il a continué jusqu’aux années 1950s d’après les Africains-Iraquiens.

Récemment, ils ont lancé une campagne pour la reconnaissance en tant que population minoritaire, ce qui leur garantirait les mêmes avantages que ceux accordés au Chrétiens, comme des sièges réservés au Parlement.

Les noirs vivent dans la peur,” indique Jalal Dhiyab Thijeel, un défenseur de la population d’1,2 millions d’Africains Iraquiens selon les estimations. “On veut metre fin à cette situation.”

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Amani Hamid, 16, ans a quitté l’école car sa famille ne pouvait plus payer les frais d’autobus. Même les emplois subalternes sont refusés aux noirs.

Il y a quelques jours, un groupe d’enfants et d’adultes noirs portant des sandales attendaient des voitures à laver sur un terrain sale.

Il s'agit de leur unique source de revue, disent-il, car personne ne les embauchera.

À Basra, ville pétrolière et portuaire du sud, le vent fouette sans cesse le désert de sable, le lavage d’autos n’est pas une mauvais moyen de survie, et avec le temps, ce terrain est devenu un lieu de regroupement d’enfants et d’hommes armés de tuyaus et de seaux dans l'attente de la prochaine automobile sale.Les enfants, pour la plupart âgés de moins de 14 ans, ont abandonné l’école. Des fois, il s’agissait de leur propre choix, mais d’autres fois, la décision provenait de leur père qui avait une faible éducation officielle et un revenu instable.

“Si je repars à l’école, qui va donc nourrir ma famille?”, s’interroge l’un des garçons, Hussein Abdul Razak, âgé de 13ans.

Hussein dit qu’il a quitté l’école lorsqu’il avait 8 ans, car il était vraiment largué. Son père, qui travaille également dans le lavage des autos, était malade, le repas de la famille ce jour là dépendait entièrement de ce que Hussein pouvait gagner. Malheureusement, les choses n’avançaient pas,  trop peu de sable s'élevait dans les airs. Il haussa les épaules. Il n’avait rien gagné.

Mohammed Waleed, également âgé de 13 ans, est l’un des rares garçons dont le père a un a un emploi stable. Son père conduit un minibus.

Mohammed, qui était arrivé à bicyclette dit qu’il a quitté l’école depuis si longtemps qu’il est incapable de se souvenir de quel âge il avait alors.

Chaque année, je ne faisais qu’échouer, j’ai donc laissé tomber,” dit-il. Il regarde nerveusement les enfants turbulents qui se sont regroupés autour de lui, tout essayant de décider s’il devait raconter ce qui était arrivé par la suite.

“Je ne sais pas lire,” dit-il. Les enfants se taisent alors.

Le rêve de Mohammed, dit-il, est de suivre les traces de son père et de conduire un minibus Kia. Il dit qu’il sait déjà conduire, mais qu’il doit attendre cinq ans avant d’être embauché.

En attendant, je vais conduire ma bicyclette,” dit-il. Les gens autour de lui en rigolent.

Majid Hamid, un gars échalas de 20 ans qui fait partie des travailleurs les plus âgés sur ces lieux, dit que certains jours sont mieux que d’autres. La journée a été mauvaise pour lui aussi.

Depuis le matin, je n’ai même pas lavé une seule auto,”dit-il. Il était déjà 18 heures passées.

Mais, même les bons jours, ils ont affaire à des clients qui utilisent fréquemment des mots à teneur racial péjoratifs lorsqu’ils s’adressent à eux. “Ils disent, ‘Abu Samra,’ allez, dépêche-toi!’ ”, indique t-il. “Qu’est-ce que je peux faire? Je peux leur casser la figure, mais il y aura des problèmes après.”

Les Iraquiens à la peau plus claire considèrent le mot Abu Samra comme un signe d’affection, mais les laveurs d’auto disent que pour eux il s’agit d’une insulte vicieuse.

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Ils affirment qu’on les appelle de nombreux autres noms, et qu’ils se font souvent embarquer par les patrouilles de l’Armée et amenés dans les bases où on les menace avec de bastonnades et d’emprisonnements s’ils continuent à laver des voitures. Ils disent que les soldats les laissent tranquilles lorsque des personnes à la peau plus claire travaillent sur place. Ahmed al-Sulati, vice-président du conseil provincial de Basra dit que ni le racisme ni la conscience de la couleur de la peau n’existent chez les Iraquiens, et que les vies des africains-Iraquiens ne sont pas plus difficiles que celle de toute autre personne.

Les histories de blancs et de noirs ça n’existe pas en Iraq,” dit-il, faisant écho à ce que la plupart des gens disent en public.

Dans un quartier voisin décrépi à environ un mile du lieu de lavage d’auto, Monsieur Hamid et des milliers d’autres Africains –Iraquiens cohabitent avec les arabes dans les maisons en brique de terre à divers degrés d’effondrement. Son frère Rafid, âgé de 19 ans, travaille également dans un lave-auto, mais il occupe un second emploi dans un petit magasin de réparation de télévision par satellite où il travaille avec son beau-père.

Leur sœur, Amani âgée de 16 ans, a été retirée de l’école car sa famille ne peut plus payer les frais quotidien d’autobus. “L’école me manque,” dit-elle. “Des fois je pleure.” Selon Rafid, “La vie est mauvaise ici.”

Les choses peuvent s’empirer, la famille de neuf enfants n’ayant pas pu payer le propriétaire au cours des deux derniers mois.

Nous avons le choix entre payer le loyer ou manger,” indique Raja Abdul al-Samad, leur mère.

Madame Samad dit que la vie en Iraq est beaucoup plus difficile lorsqu’on a la peau foncée. Elle affirme qu’avec le temps, elle s’est rendue compte qu’elle ne pouvait rester amie qu’avec ceux qui avaient la même couleur de peau qu’elle.

Au début, tout va bien, puis ils font un lapsus et dissent un truc sans le vouloir,” dit-elle. “Ou, lorsqu’ils sont avec leurs proches, ils nous évitent. Je n’aime pas être avec des gens qui nous méprisent.”

Duraid Adnan a contribué à ce reportage.

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