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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
5 décembre 2009

Racisme contre les afrocubains : Réactions à une déclaration des intellecuels afroaméricains

Par Patricia Grogg

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga

cuba

LA HABANA, 4 dic (IPS) – Le nécessaire débat sur la persistance de la discrimination pour la couleur de la peau au sein de la société cubaine pourrait être pris au piège dans le vieux conflit entre La Havane et Washington, suite aux accusations portées par des intellectuels afroaméricains rejetées par leurs pairs de ce pays caribéen.

Diverses organisations civiles, parmi lesquelles certaines ayant un caractère officiel encouragent le débat public sur le problème racial pour le rendre visible et faciliter la recherche de solutions, autant par l’État que par les institutions sociales.

Dans une déclaration, le président de l’Union Nationale des Écrivains et Artistes de Cuba (Uneac), Miguel Barnés et d’autres personnalités de l’intellectualité ont admis que le processus d’intégration raciale n’a pas été facile, mais ils rejettent l’idée selon laquelle " pour des raisons raciales les libertés civiles " sont entravées dans le pays.

Selon le texte publié ce vendredi dans les médias numériques de l’île, au cours du processus de transformations  entrepris penant le dernier demi siècle, "les Noirs et les métisses" ont trouvé "des opportunités de réalisation sociale et personnelles, soutenus par des politiques et des programmes" qui ont permis l’intégration de la société .

"Il s’agit, nous le savons, d’un processus non exempt de conflits et de contradictions, sur lesquelles pèse des désavantages sociaux hérités autant que des préjugés enracinés depuis des siècles", admet la déclaration, qui répond à celle précédente des États-Unis et signé par près de 60 intellectuels noirs.

Les afrodescendants du pays voisin exigent du gouvernement Raúl Castro que cesse  "le harcèlement inutile et brutal des citoyens Noirs de Cuba qui défendent leurs droits civils".

"Nous ne pouvons pas garder le silence face à l’augmentation des violations des droits civils et humains des activistes à Cuba qui ont le mérite d’élever leurs voix contre le système racial de l’île'', ajoute la déclaration signée, entre autres par  Jeremiah Wright, qui fut le Pasteur de l’actuel président Barack Obama lorsque ce dernier vivait à Chicago.

Pour les intellectuels cubains, parmi lesquels figurent la poétesse et essayiste Nancy Morejón, "derrière ses fictions se fait évidente l’intention perverse de joindre les voix respectables de la communauté aforaméricaine à la campagne anti cubaine qui vise à saboter notre souveraineté et notre identité".

D’après les signataires, "si la Cuba de ces temps était ce pays raciste que l’on veut inventer", ses citoyens n’auraient pas contribué massivement à la libération des peuples africains, et plus de 35000 jeunes africains n’auraient pas reçu leur éducation dans des écoles cubaines au cours des 40 dernières années.

2888 jeunes issus de quelques 30 pays de cette région n’étudieraient pas non plus dans des universités cubaines, ajoute la déclaration, qui mentionne la collaboration fournie pour former du personnel médical et d’autres ressources humaines, de même que l’assistance sanitaire aux pays latinoaméricains et de la Caraïbe dans lesquels on retrouve une "diaspora africaine significative".

Le texte rappelle également que lors des "premiers jours " du processus révolutionnaire triomphant de 1959 "furent démantelés les bases institutionnelles et juridiques d’une société raciste, et les afrodescendants bénéficièrent immédiatement de cette bataille menée par le Nouveau gouvernement pour éradiquer toute forme d’exclusion".

Selon le Recensement de la Population et des Foyers de 2002, 10 % de la population de Cuba se reconnait noire et près de 25 % mulâtre ou métisse.

L’article 42 de la Constitution interdit et sanctionne la "discrimination à cause de la race, la couleur de la peau, le sexe, l’origine nationale, les croyances religieuses et toute autre, pouvant porter préjudice à la dignité nationale". En mai 1961, le gouvernement de Fidel Castro élimina les exclusions raciales, avec la nationalisation des clubs et des associations.

Pour Esteban Morales, académicien, chercheur et un autre des signataires de la réponse aux intellectuels américains, "jamais avant (1959) à Cuba, les noirs et les métisses n’ont pu compter sur un État et un gouvernement défendant leurs intérêts comme les leurs propres".

Cependant, plusieurs voix coïncident pour reconnaitre que des expressions discriminatoires persistent, qui se réfugient dans la famille, dans la conscience individuelle, dans certains groupes et dans des comportements concrets de personnes, délinéant un contexte social que l’on ne peut passer sous silence et qui être l’objet d’enquêtes.

Selon ses sources, jusqu’au milieu des années 80 prévalait la conception théorique erronée selon laquelle, les classes sociales ayant disparues, et le peuple ayant été incorporé à la construction d’une nouvelle société, la propre logique dialectique de ce processus feraient tomber les préjugés raciaux et  leur "praxis" discriminatoire.

Mais au cours des dernières années, il y eut des changements et la thématique raciale fut l’objet d’un débat en 1998 lors d’un congrès de l’Uneac, et une année plus tard, lors d’une réunion de Conseil National de cette organisation. Récemment fut créé un comité permanent de lutte, dans une perspective culturelle, contre tout vestige de discrimination et de préjugés raciaux.

C’est dans ce cadre que les intellectuels et artistes ont relancé en septembre la Confrérie de la Négritude (Cofradía de la Negritud -Coneg), un projet citoyen  visant à faire prendre conscience d’une "aggravation " des inégalités raciales, dont la solution requiert une politique sociale qui prenne en compte le désavantage historiquement accumulé par la population noire.

Il existe également une commission pour l’étude de ce sujet à la Bibliothèque Nationale, et l’Institut d’Anthropologie, un organisme gouvernemental,  a conclu il y a peu une enquête sur l’état actuel de cette thématique, qui est présente dans les débats populaires réalisés, à partir de l’exposition documentaire "Raza", du jeune cinéaste cubain Eric Corvalán. (FIN/2009)

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