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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 mai 2016

Melquicedec Blandon Mena :''Il ne peut y avoir de paix en Colombie sans réparation historique en faveur des communautés noires''

La paix se rapproche et les afrodescendants ne peuvent pas rester marge

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Par Ferney Darío Jaramillo G.

ferney.dario@gmail.com

 

 Nous en savons tous un peu sur le processus de paix en cours à La Havane depuis 2012. Les médias et les réseaux sociaux en parlent au quotidien et évoquent aussi l'importance qu'aurait une possible signature de la paix entre le Gouvernement et la guerrilla des Farc, mais, il y a une méconnaissance de ce qui est en négociation.

La Revista Vive Afro adhère à l'idée d'informer objectivement sur le processus et de lever des doutes sur les accords en cours de signature à Cuba. C'est dans ce sens que nous avons interviewé Melquicedec Blandón Mena. Il est membre de l'équipe de coordinnation du Cepafro. Politologue de l'Université d'Antioquia, titulaire d'un Magíster en Santé Collective et candidat au Doctorat en Sciences Sociales, avec 10 ans de travail sur les thématiques ethniques et membre du Conseil National Afrocolombien (CONPA), un espace des communautés noires créé récemment pour particper au processus de paix.

 

Revista Vive Afro: Melquicedec, pourquoi est-il important que les communautés noires, afrocolombiennes, raizales et indigènes soient présentes dans le processus de paix ?

Melquicedec Blandon Mena: La paix n'est pas l'absence de conflit, mais implique la résolution de l'ensemble de la dette historique que la société a envers les populations noires et surtout notre grande aspiration est qu'il y ait une réparation historique, car, nous sommes non seulement victimes de ce conflit, mais nous avons également été victimisés sur ce territoire depuis que nous sommes arrivés de l'Afrique et jamais il n y a eu de réparation historique, impliquant les aspects économique, social, politique et culturel.

Nous ne voulons pas que l'on porte atteinte aux peu de droits collectifs que les noirs ont conquis au cours de ces 25 années. Une période durant laquelle on a obtenu l'octroi de titres fonciers pour environ six millions d'hectares et quelques droits collectifs, qui à cause du conflit, dans certains endroits, ont été acquis moyennement et ailleurs ne l'ont pas été, mais qui minimalement, sont inscrits dans la loi et les gens travaillent à ce sujet.

Le processus avec les Farc est très avancé, il se peut que dans moins de deux mois il y ait une signature, et pour cela, ce à quoi on aspire au CONPA est que soient sauvegardés des acquis sur des thèmes qui nous préoccupent, c'est-à-dire, les droits ethniques et collectifs des communautés noires et indigènes pour que leur implémentation soit prise en compte.

 

RVA : Comment s'est déroulé le processus de création du CONPA?

MBM: Cela remonte à 2013. Le CONPA regroupe les organisations les plus fortes du mouvement noir qui travaillent à la défense des droits ethniques et territoriaux, on y retrouve le Proceso de Comunidades Negras, PCN, La Conferencia Nacional de Organizaciones Afrocolombianas, CNOA, Asociación Nacional de Afrocolombianos Desplazados, Afrodes, Foro Interétnico Solidaridad Chocó, FISH, le Concejo Laboral Afrocolombiano, CLAF, la Red Nacional de Mujeres Afrocolombianas, Kambirí et la Pastoral Afrocolombiana. Des organisations ayant une présence nationale et des leaders importants au sein du mouvement.

Au départ, on a bâti un petit agenda articulé pour que les voix des communautés noires soient écoutées dans le processus de La Havane, et par la suite on a progressivement davantage décanté l'agenda et on parle plus de construction de la paix sur le long terme. On sait que c'est une avancée stratégique de prendre part à ces deux processus relatifs à la fin du conflit armé en Colombie, mais ça ne s'arrête pas là, et nous préconisons une éparation historique. Il ne peut pas y avoir de paix sans réparation historique pour les communautés noires .

Le 8 mars dernier, nous avons établi une alliance avec l'Organisation Indigène de Colombie, ONIC et nous avons constitué la Commission Ethnique pour la Paix et la Défense des Droits Territoriaux de la population afrocolombienne et indigène qui porte le nom de Commission Ethnique. Les deux secteurs, Farc et Gouvernement, reconnaissent la Commission Ethnique qui travaille sous le principe fondamental de l'autonomie.

 

RVA: La pression publique nationale et internationale a-t-elle contribué à la reconnaissance de la Commission?

MBM: Elle a aidé pour la reconnaissance et pour que l'on reçoive une commission ethnique dans les dialogues, mais pour ce qui est de la façon dont ils vont nous influencer, ce sera dans la formation de la Commission, telle que définie autant par les Farc que par l'État et tel est l'enjeu, à savoir, comment va t'on former cette Commission ?

Le 28 et le 29, il y aura une audience pour sélectionner les membres de cette commission. Le Gouvernement veut sélectionner une partie de ceux qui feront partie de cette commission, en provenance de l'espace national de consultation préalable des communautés noires. D'autre part, la commission doit y participer et il y a des parties prenantes dans la farandole et des fonctionnaires noirs qui veulent aussi être pris en compte. Ce sera très compliqué. La commission sera formée de 10 indigènes et de 10 afrodescendants.

 

RVA: Sur votre récente visite à La Havane, qu'êtes vous allé y faire?

MBM: J'essayais d'établir des rapprochements et de voir si on pouvait générer un agenda de travail avec les deux camps. En plus, j'étais accompagné par un très petit groupe avec lequel on cherchait la possibilité que la commission ethnique soit reçue dans les négocitaions .

Au final, ils ont reconnu la commission ethnique comme un acteur important dans ce processus et ils se sont un peu engagés à faire tout ce qui est possible autour de la table pour créer une audience autour le sujet.

Nous avons beaucoup échangé avec des représentants du gouvernement cubain qui nous expliqué le fonctionnement des tables et des dialogues en général.

Nous avons egalement appris qu'il semble qu'il y ait déjà les éléments réunis pour un cessez-le feu bilatéral,et partant de là, ils se mettent d'accord sur la mobilisation des zones où ils vont se concentrer et sur un programme arrêté pour le dépôt des armes. 

 

RVA: Quel est votre avis sur les points convenus dans le cadre du processus de paix?

MBM: En réalité, il n y a là rien d'extraordinaire relativement à l'application de la constitution politique. J'ai écouté minutieusement un des conseilleurs des Farc qui exposait sur le point de la participation politique; il va y avoir des sièges pour la paix qui n'appartiennent pas aux Farc, c'est la seule chose qu'il y a de nouveau, mais cela ne va pas changer le régime, mais ça permettra seulement de permettre la participation de certains territoires spécifiques. C'est l'application de la Constitution et il s'agit de donneur des garanties pour le droit à la vie, que l'on ne tue pas les guérilleros qui veulent faire de la politique sans les armes.

Je me demandais, une guerre si longue pour en finir avec ce vec quoi on finit là? On ne fait qu'appliquer la constitution!.

 

RVA: Qu'est çe qu'il ya de positif dans la signature des accords de paix ?

MBM: Si on obtient que l'Etat arrête la guerre sale contre les forces d'opposition, les leaders populaires, les défenseurs des droits humains, si on nous permet de faire la politique tranquillement, si on ne nous deplacer pas, ce serait suffisant, nous nous chargerons du reste.

 

RVA: Pourquoi créer une commission afro et indigène ?

MBM: Parce que nous avons les mêmes problèmes et qu'ensemble nous pouvons être plus forts. Les titres collectifs des indigènes dans les réserves et nos titres de propriété ne sont pas respectés. Les théâtres de guerre ont surtout été les territoires ethniques, nous avons des problèmes similaires. C'est impensable qu'ils aillent à La Havane et qu'ils n'invitent personne de la Commission.

 

RVA: Comment fonctionne la Commission?

MBM: Elle est formée du coté indigène par l'ONIC et d'autres organisations et du coté des afrodescendants, il y a le COMPA. De chaque coté, il y a de sporte paroles. Dans les réunions, il y a une participation des toutes les organisations et les décisions sont prises de manière concertée.

 

RVA: Que pensez-vous de l'entame du dialogue avec l'ELN?

MBM: Nous avons beaucoup d'attentes. Avec l'ELN, c'est possible que les choses soient plus complexes. Les Farc sont plus pragmatiques et les membres de l'ELN ont de nombreux principes fondamentaux, la forme d'organisation est très fédérative, les fronts ont énormément d'autonomie ; parfois le commandement central ne peut pas faire respecter un ordre. Ils (l'ELN) sont plus clairs dans l'idée que les gens peuvent particper et il faut exploiter cela.

De plus, un des points et la participation de la société. En tant que peuples noirs, nous devons nous organiser pour faire assoir notre voix, pour mettre les choses bien au clair. On attend de savoir à quoi ressemblera la conception de ce processus sur le point spécifique de la participation et nous voulons donc y prendre part.

 

*Photo: Courtoisie de l'interviewé

 Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

http://www.revistaviveafro.com/index.php/component/content/article/49-edicion-abril-n-14/224-la-paz-esta-cerca-y-los-afro-no-se-pueden-quedar-por-fuera

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