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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
8 janvier 2013

Monica Carrillo : '' des bonnes et des mauvaises personnes dans toutes les races''

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Mónica Carrillo Militante anti-racisme. Directrice de Lundu.
 

Par Maritza Espinoza.

De quelle manière as-tu vécu la réalité raciale chez toi?

Mon papa est un homme avec une très forte conscience afrodescendante. Il vient de El Carmen et a travaillé dès l'âge de six ans dans la plantation en des situations d'exploitation. Il a eu cet esprit de rebellion contre l'exploitation qu'il a vécu dans sa procpre chair.

Et ta mère ?

Elle est plus sensible musicalement et poétiquement parlant. Elle m'a appris à lire dès l'âge de trois ans et à réciter des poêmes, pour avoir un rôle principal lors des spectacles d'école et gagner le respect que je n'allait pas mériter en tant que Mónica. Elle savait que, étant afrodescendante, je subirais beaucoup de racisme, comme elle lorsqu'elle était petite fille.

N'a t'elle jamais eu cette attitude, fréquente chez les minorités marginalisées, qui dit “écoute, cherche toi un blanc, améliore la race”.

Non, ça jamais. Mais ju l'ai vu chez un tas de personnes, proches, amis. Jusqu'à présent dans notre communauté afro, il n y a pas de relation très 'endoraciales'. Le problème n'est pas de ne pas tomber amoureux ou de te marier avec quelqu'un qui n'est pas afrodescendant, mais c'est de le faire parce que tu ne veux pas être comme tu es, parce que tu veux  “améliorer ” la race.

On ne choisit pas qui on tombe amoureux…

Si, mais c'est une tension que j'ai vécu à un moment où j'ai eu un amoureux afrodescendant. Des relations ou des proches qui me regardaient comme si elles disaient Heu..mais…! Il y a une phrase qu'on utilise beaucoup dans les campagnes : Je t'ai sorti de la cuisine pour entrer au salon et tu retournes de la cuisine à la cour. Ce qui veut dire : Je me suis marié avec quelqu'un pour améliorer la race, et tu rétrogrades et te marie avec quelqu'un de plus foncé que toi.

Ledit racisme interne ...  

Qui est le plus dur. C'est pourquoi à Lundu, nous avons travaillé avec l'art, la poésie et la musique pour essayer d'ouvrir ou de détruire ce racisme interne.

Qu'est ce qui t'a amené à te rebeller contre celui-ci?

C'est que j'ai hérité d'une partie de la mémoire génétique de mes ancêtres et je crois qu'ils ont été des personnes rebelles. Dans ma poésie, je m'assois pour écrire et je le vois comme une nouvelle et en plus, je l'écris avec la musique. Parfois je me dis : D'où vient-il que j'écrive cela si je n'ai jamais vécu cette situation?  

À quels moments as-tu ressenti le plus durement la discrimination?

Deux fois qui m'ont marqué. Une, à 9 ans, le professeur d'histoireIván García, qui disait que les noirs étaient non civilisés et qu'ils avaient mérité d'être des esclaves. Il le disait en classe en me montrant. Et  quand il me voyait en récréation avec ma soeur, cet enseignant disait : voilà les petits singes.

Et l'autre moment?

J'étais avec ma soeur dans un autobus sur l'avenue Abancay. J'avais 11 ans et elle 12, et quelqu'un ouvre la fenêtre du véhicule et nous crache dessus en disant: Négresses, le ...de ta mère. Et non seulement il crache sur nous, mais il rigole. Personne dans l'autobus n'a pris le temps de nous défendre, personne ne nous a donné une serviette pour nous essuyer. Les moments les plus difficiles furent ceux à l'école, mais plus souvent en marchant vers l'école et de prendre l'autobus… Le racisme sexuel était terrible et quotidien. 
 
Mais, as-tu vécu les expériences naturelle de l'amour adolescent?  

Non, juste parce que je sentais que le thème du racisme était marqué, autant par les attitudes des garçons, que parce que je vivais dans des endroits OU il n'y avait pas beaucoup plus d'afrodescendants. C'est pourquoi j'aimais aller à El Carmen. Là-bas, je sentais que les autres étaient comme moi et il n y avait pas de tensions raciale.  

Qui est ce que tu admirais? N'as tu jamais eu une idole musicale blanche?

J'aimais le groupe Niche, qui fait la salsa. Je n'ai jamais beaucoup aimé le rock. Bien sûr, j'ai aussi eu ma préiode très ethnocentriste…

Et ça a changé?

Oui, mon poème  Unícroma, qui est ethnocentriste, je parle d'une façon que peut-être un homme afro peut comprendre  – j'écris–: “pourquoi des larmes blessantes dans mon regard étincelant, un geste tempétueux”. Je le dis parce que, étant afro, je n'ai pas à lui expliquer les choses, il comprendra ce dont je parle...

Ta poésie est désormais différente ?

Oui, j'ai un autre poème qui parle de l'interracialité et qui est absolument différent d' Unícroma. Des gens m'ont dit : Hey, Mónica, tu es rastafari, tu as une conscience rastafari, dans la façon dont tu écris au sujet de l'interracialité. Je me suis rendue compte qu'il ne s'agit pas de couleurs, mais que dans toutes les races et dans toutes les ethnies il y a des bonnes et des mauvaises personnes.

Ce qui nous amène à l'étude que vous venez de présenter sur les médias...

Oui, depuis l'étude de 2010, pour laquelle nous avons examiné environ 8400 éditions de six journaux imprimés, à la dernière étude, de mars 2011 à septembre 2012, il y a une différence intéressante, car il y a trois fois moins de nouvelles racistes.

Pourquoi ce changement si rapide?

Même si on ne l'a pas perçu à ce moment même, le pardon historique demandé par Alan García au peuple afropéruvien en 2009 a eu une influence positive. Un autre fait marquant a été que 2011 a été déclaré Année Internationale des afrodescendants décrétée par l'ONU. Et l'autre, malgré la controverse, est que Susana Baca ait été  ministre de la Culture. Elle a, dès le début de son administration, s'est positionnée et s'est définie comme une femme afro.

De quel genre de société rêves-tu?

Je rêve d'une société post-racialisée, dans laquelle la thématique de la race ou de l'ethnie ne détermine pas la type de relation que tu auras avec l'autre, et dans laquelle tu apportes ta connaissance ancestrale. Pas un monde d'afros ou de blancs, non, mais un monde dans lequel je sois ce que je suis et que ma race ne soit pas une tension, que je n'ai pas à marcher dans la rue avec la peur de ce qui pourrait arriver, de comment on me traitera , de la façon dont on me regardera.

LA FICHE

Je suis Mónica Carrillo Zegarra. Oru, dans la poésie. Je suis née il y a 34 ans. Mes parents sont de Chincha. J'ai grandi à Piñonate. J'ai fait des études de Communication Sociale et j'ai fait ma spécialisation en Droit International à Oxford. Je suis présidente de l'Association Lundu et nous venons de présenter le bilan de l'Observatoire Afropéruvien qui indique que le racisme dans les médias s'est atténué.

Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga  http://guyzoducamer.afrikblog.com/

 

http://www.larepublica.pe/02-01-2013/en-todas-las-razas-hay-buenas-y-malas-personas

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