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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
1 mai 2011

''La société Brésilienne discrimine tout ce qui provient de la culture noire''

 

New York - Macota Valdina, leader du Candomblé à Bahia, était l'une des principales invitées du Symposium “Thread of African Spirituality In The Americas Candomble – Tradition Of Brazil”. Notre correspondant, Edson Cadette, y était. 

 Lors du Symposium, dont l'intitulé en traduction libre en Français est "La ligne de la Spiritualité Africaine dans les Amériques - Candomblé  – Tradition du Brésil”, qui s'est tenu la semaine dernière au Centre Culturel Caribéen de Harlem, la personnalité religieuse a parlé de l'expérience de cette religion à Bahia et au Brésil et de la persécution menée par les secteurs évangéliques néopentecotistes.

Makota

 

Macota Valdina (Valdina de Oliveira Pinto) affirme dans cet entretien que la société brésilienne est raciste et raconte la résistance des religions de matrice africaine à l'intolérance religieuse. Selon elle, "Le jour ou la société brésilienne se comprendra comme diverse, comme plurielle, et que nous les noirs sommes porteurs d'un héritage laissés par des êtres humains qui furent esclavisés, mais qui ont laissé une culture, qui ont laissé une histoire, je pense que dès lors, le Candomblé sera respecté de la même façon que les autres religions".

Ci-dessous, l'intégralité de l'entrevue accordée par Macota Valdina au correspondant de Afropress à New York.

Afropress - Pouvez-vous s'il vous plait, vous présenter aux lecteurs de Afropress, ainsi que vos origines au Brésil?

Macota Valdina - Je suis Valdina Oliveira Pinto. Mais au Brésil, à Bahia plus spécifiquement, on me connait sous le nom de Macota Valdina. Macota est un titre religieux que je porte parce que je suis du Candomblé, de la Nation Angola, et dans la communauté de Bahia, on me connait plus par ce titre, à cause des conférences que je fais et des rencontres auxquelles je participe à Bahia et à l'extérieur.

Afropress - Depuis combien de temps pratiquez-vous la religion Candomblé?

Macota Valdina - En fait , le Candomblé fait partie de ma vie depuis toute petite. Ma mère était du Candomblé. Mais j'ai été initiée adulte, dès 1975.

Afropress - Existe-t-il à Bahia un préjugé contre les religions de matrice africaine?

Macota Valdina - Pas seulement à Bahia, mais dans tout le Brésil. Parce que le Brésil est raciste. Le Brésil a une société raciste, pleine de préjugés et qui discrimine tout du moment que cela provient de la culture noire. Actuellement, nous les afrodescendants, avons conquis un certain nombre d'espaces, non seulement du point de vue culturel, dans notre histoire, mais aussi dans notre forme de spiritualité venue d'Afrique avec africains esclavisés.

Et aujourd'hui, au Brésil, nous nous battons beaucoup, depuis les années 1970, quand il y a eu cette  “invasion” des protestants néopentecotistes, et nous devons nous battre contre leur intolérance. Il existe un mouvement très important dans les  communautés des terreiros des religions de matrice africaine de manièere générale, non seulement du Candomblé, mais aussi de l'Umbanda, du Batuque, du Quixamba etc., dans le sens de l'affirmation, qui luttent conte le racisme et le préjugé que subit notre religiosité, notre mode de pensée. Parce que le Candomblé pour nous va au-delà d'une forme de spiritualité, c'est aussi un mode de résistance. Et on se bat aujourd'hui contre cette intolérance, non seulement à Bahia, mais dans tout le Brésil.

Afropress - L'état à Bahia protège-t-il la religion Candomblé, ou alors ses adeptes doivent se défendre eux-mêmes contre ce racisme, contre ce préjugé? L'État bahianais défend-il cette forme de religion ou non?

Macota Valdina - Écoutez, en fait, nous nous sommes toujours battus, le mouvement noir, les communautés religieuses. Aujourd'hui, c'est davatage mis en avant, nous avons obtenu le soutien des organismes publics, particulièrement à partir de l'administration du Gouvernement Lula. Ce fut une grande conquête. C'est vraiment à partir du Gouvernement Lula, qui a donné la voix, qui a donné de l'espace à toutes les expressions de religiosité noire, indigène etc. Mais la société est très raciste, la société rejette encore ces religions. La société conserve encore de l'aigreur, les gens doivent se battre pour cela. Il ne suffit pas d'avoir une loi, la volonté du gouvernement ne suffit pas, mais il faut que les gens dans la société brésilienne s'ouvrent.

Ce que je constate c'est que, au fur et à mesue qu'on occupe ces espaces, à mesure qu'on obtient la liberté dêtre ce que nous sommes, de parler etc. la société brésilienne aussi dévoile son côté raciste. Et elle montre également ses expressions du préjugé.

Afropress - Quel est le pourcentage selon vous des adeptes de la religion Candomblé au sein de la population en général et à Bahia?

Macota Valdina - C'est difficile à dire. Franchement, je ne peux pas vous donner un chiffre ou un pourcentage parce que très souvent, beaucoup de gens sont adeptes du Candomblé, mais n'assument pas la religion en public. Aujourd'hui il y a cette ouverture et les gens parlent franchement. Il n y a pas très longtemps, les gens pratiquaient le  Candomblé, mais disaient qu'ils étaient catholiques. Ils ne pratiquaient pas le catholicisme. Au quotidien, ils pratiquaient le Candomblé. Cependant, on qualifiait cette pratique de catholique parce qu'il le fallait. Maintenant, les gens tiennent à affirmer leur pratique. Mais on ne peut pas perdre de vue le fait qu'il y a de nombreuses personnes influencées par le courant protestant du néopentecotisme et le courant évangélique.

Afropress - Diriez-vous donc que l'un des problèmes auquel fait face le Candomblé en tant que religion c'est celui de son acceptation par les néopentecotistes?

Macota Valdina - Principalement. Actuelllement, le plus grand problème auquel nous, adpetes du Candomblé faisons face, est celui de ce courant néopentecotiste, et de beaucoup d'afrodescendants adeptes également de cette variante ou d'autres de la religion protestante. Le problème n'est pas qu'il faut être adepte du Candomblé, ou de toute autre religion de matrice africaine parce que vous êtes afrodescendant. Mais en tant qu'afrodescendant, vous devez affirmer votre identité. Vous devez être fier de votre race. Vous devez être fier de vos histoires. Vous devez être fier de vos ancêtres. Que vous soyez catholiques, boudhiste, musulman, chrétien etc. Mais vous ne devez pas renier votre identité.

Il y a un grand danger que je perçois ces derniers temps. Et il a vraiment une aliénation des noirs qui font partie de ces églises  néopentecotistes, évangéliques etc, surtout l'Église Universel du règne de Dieu. Ils renient leur culture. Il y a au Brésil, une loi pour l'apprentissage de la culture africaine et afrobrésilienne dans les écoles publiques. Et très souvent, certains parents, certains adeptes de ces religions refusent d'étudier la culture afrobrésilienne et la culture africaine. Et ils disent que ce sont les choses de Satan ou du Démon. Et c'est une très mauvaise chose.

Afropress - L'an dernier, il s'est produit un incident à Bahia impliquant une femme adepte de la religion Candomblé. Elle a été emprisonnée par la Police de l'État, et à ce que l'on sait, elle a même été jetée dans une fourmilière  par les policiers pour que le démon sorte de son corps. Par la suite, elle a raconté son histoire. Elle a dit que ce qui s'est passé est malheureux. Pourriez-vous expliquer aux lecteurs d'Afropress ce qui s'est réellement passé?

Macota Valdina - Je ne sais pas. Je ne peux pas expliquer un événement auquel je n'ai pas assisté. Je n'étais pas présente et je n'ai même pas parlé avec la personne. Mais, ces expressions d'attaques, de ce type sont des faits  banals que les gens subissent, n'est-ce pas? Parfois, même les évangéliques qui travaillent dans les services publics, et ce qu'on remarque dans ces attaques, c'est que les gens se prévalent de leurs positions. Et ils agissent au nom de leurs religions. En ce qui concerne le cas de cette femme, de cette Mère de Saint, qui s'est produit au sud de Bahia, à Ilhéus, je ne suis pas au courant. Je ne la connais pas personnellement, et je n'ai pas non plus de contact avec elle. Tout ce que je sais provient de la lecture de journaux. Je ne peux donc pas faire une affirmation sur quelque chose que je n'ai pas vécu de près.

Afropress - Pour quelle raison êtes-vous à New-York?

Macota Valdina - En fait je suis allée à Denver, dans le Colorado. J'ai été invité par l'Université de Denver, à travers le Département des Études ethniques pour parler du Candomblé et de la spiritualité afrobrésilienne. C'est lié aux questions ethniques et aux questions de lutte pour la justice raciale. J'étais déjà venue à New York. Et certaines personnes qui étaient à Salvador et présentes à l'une des conférences, et qui savaient que je me trouvais aux États-Unis m'ont invité au Centre Culturel Caribéen pour échanger un peu avec les gens sur ce qu'est le Candomblé.

L'importance du Candomblé, non seulement du point de vue de la religion, mais aussi pour les mouvements sociaux noirs, pour la justice sociale, environnementale, et pour parler également de l'interconnexion avec d'autres expressions de religiosité de la Diaspora -

 Afropress - Pensez-vous que cette visite permettra d'apporter une meilleure connaissance sur le Candomblé aux afroaméricains, car ils n'ont pas encore une grande connaissance sur cette religion afrobrésilienne?

Macota Valdina - Certaines personnes ont une réelle connaissance sur le Candomblé. Certains qui pratiquent la religion à Cuba, comme la  Santeria,  le Lucumi, et le Palomaiomibi. Ils ont un peu de notion. Et certains ont même fait des cours, ils étudient un peu de cela aussi. Moi je vais simplement faire savoir, peut-être, à certaines personnes ici qui pratiquent la santeria de type Lucumi, et Palomaiomibi, que nous les afrodescendants du Brésil nous avons également cette forme de religiosité. En fait, une des formes. Je vais parler d'une de ses formes qui est ma pratique, le Candomblé.

Afropress - Que manque-t-il au Candomblé pour qu'il devienne une religion respectée dans tout le  Brésil?

Macota Valdina - Ce qu'il manque c'est que la société au Brésil devienne de moins en moins raciste. Et pour moi, c'est lié à cela. Le jour où nous éradiquerons le racisme de la société brésilienne, et que les brésiliens se verront...ces brésiliens qui très souvent se croient blancs, les non noirs qui se croient blancs, verront qu'ils ne sont pas blancs. Qu'ils sont métisses. Leurs vies et leur culture contiennent une grande part de l'apport des noirs.

Dans leur vie et dans leur culture se retrouvenet également une grande part de l'apport des noirs. Donc, Le jour ou la société brésilienne se comprendra comme diverse, comme plurielle, et quenous les noirs sommes porteurs d'un héritage laissés par des êtres humains qui furent esclavisés, mais qui ont laissé une culture, qui ont laissé une histoire, je pense que dès lors, le Candomblé sera respecté de la même façon que les autres religions.

 Afropress - Pouvez-vous vous adressez selon votre souhait aux lecteurs de Afropress.

Macota Valdina - Écoutez, je suis très heureuses de rencontrer un brésilien ici, de rencontrer quelqu'un d' Afropress. Je connais ce média à travers internet, par les mails que je reçois . Je crois donc qu'il est important que les gens aient cette voix à partir d'ici, ce porte parole également Pour moi, c'était une surprise, mais je suis très heureuse de pouvoir partager avec les brésiliens ce que je fais ici. Et pas en mon nom. Je ne suis pas Valdina. Je suis une brésilienne, une bahianaise, une afrobrésilienne qui est ici pour partager, qui apporte ici un morceau du Brésil.

Afropress - Merci beaucoup.

Macota Valdina - C'est moi qui vous remercie.

 Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

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triste tout ça
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