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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 décembre 2009

Le musicien hondurien Aurelio Martínez affirme que "l’artiste n’est pas compatible avec la politique"

aurelio

Londres, 5 déc (EFE).- Facilement rieur et d’un air jovial, le musicien hondurien Aurelio Martínez devient sérieux lorsqu’il parle de la politique dans son pays, après être sorti "brûlé" de son périple de député, pour n’avoir pas pu faire avancer ses projets et du fait qu’il est en désaccord avec la manière dont le président Manuel Zelaya a été écarté du pouvoir.

"On arrive avec ses rêves et on se rend compte qu’on ne peut les réaliser, puisqu’il faut être parrainé par un de ses dinosaures parmi les dirigeants politiques dominants", se lamente Martínez, dont le mandat de député se termine en janvier 2010.

Le musicien se trouve actuellement à Londres où il a donné un concert vendredi lors de la soirée d’adieux du programme de mécénat bi-annuel organisé par la compagnie de montres Rolex, grâce auquel il a partagé la scène et des expériences avec Youssou N'Dour, considéré comme l’un des artistes africains les plus influents.

Aurelio Martínez est de l’ethnie garífuna, provenant du mélange des esclaves africains  arrivés sur le continente américain au 18ème siècle et les indigènes mayas, avant d’être éparpillés dans les régions de la Caraïbe du Belize, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua.

L’artiste hondurien chante ainsi dans la langue de cette communauté –même s’il a également des chansons en espagnol-, un détail qui reflète la tentative de défendre l’identité d’une ethnie "discriminée" et disséminée dans divers pays.

C’est la situation de pauvreté et de précarité qui touche certains des lieux d’établissements  garífunas au Honduras qui l’a poussé à se présenter aux élections, même si sa carrière politique est désormais terminée.

Il admet, résigné, que "l’artiste n’est pas compatible avec la politique. Du moins avec la politique traditionnelle, partisane".

Martínez est devenu l’un des premiers députés garífunas à siéger au Congrès du Honduras, le théâtre d’une polémique qui a eu un retentissement International après le coup d’État qui a poussé le président Manuel Zelaya hors du pays en juin dernier.

"Zelaya a fait beaucoup de mauvaises choses durant son mandat, mais je ne suis pas d’accord avec la manière dont les choses se sont faites", indique le musicien hondurien, particulièrement préoccupé des conséquences sur les plus défavorisés de son pays des sanctions internationales suite au coup d’État.

Les garífunas –également connue comme "la communauté noire"- subissent une discrimination raciale comparable par exemple à celle dont souffrent les haïtiens en République Dominicaine à cause du ton plus sombre de leur peau, une réalité que n’oublie pas l’artiste.

Fortement influencé par la religion catholique-comme en témoigne le crucifix qui pend sur sa poitrine-et adepte de certains rites ancestraux de son peuple, Martínez affirme qu’il espère pouvoir un jour signifier la même chose pour le Honduras que son mentor pour le Sénégal.

"J’ai passé presque un moi avec Youssou et c’était incroyable. J’ai fait la connaissance de sa famille, de son travail social, et je pense que là-bas, il est plus important que le Premier Ministre", souligne le hondurien, admirateur du musicien africain pour le Soutine qu’il apporte aux plus pauvres.

Durant son séjour dans le pays africain, il a non seulement réalisé "un rêve qu’il avait depuis longtemps", mais il a également pu monter sur la scène avec Youssou N'Dour et Performer devant 45.000 personnes lors de l’inauguration d’un stade sportif.

Il se sent "aimé et respecté" par son pays, le Honduras, même s’il aimerait être connu pour ce qu’il considère comme ses meilleures chansons, chantées en garífuna, et non seulement pour la thématique "Pompa con pompa" ("Fesses et fesses").

"Le Honduras est à ses débuts au niveau culturel. Le pays devrait reconnaitre la culture garífuna comme l’Europe ou l’Asie le font. Il faudrait investir dans la culture vivante, plutôt que de se préoccuper uniquement de conserver de vieux édifices de l’époque coloniale espagnole comme le fait le Gouvernement ", revendique un Aurelio Martínez combattif.

Dans un futur immédiat, le musicien prévoit sortir un nouvel album, un travail qui n’a pas encore de titre, mais dont il promet qu’il continuera de refléter les préoccupations sociales de son peuple.

Agencia EFE S.A.

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