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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
16 février 2009

L'effet Obama peut-il booster la cause des Afro-Latinos ?

TOCAÑA, BOLIVIE - Alors que les populations amérindiennes de ce pays ont manifesté pour de nouveaux droits, les Boliviens d'origine africaine continuent de vivre en marge de la société.

(Photograph)
Il n'y a pas de législateurs ou de juges noirs, leur histoire ne figure pas dans les manuels scolaires, et ils ne sont même pas comptés en tant que tels lors du recensement.


"Quand nous allons en ville, les gens pensent que nous sommes Vénézuéliens ou Colombiens," déclare Reina Ballivian, une habitante de Tocaña, une petite bourgade composée essentiellement d'Afro-Boliviens dans l'exubérante vallée du Yungas. Il est difficile de les convaincre que nous sommes Noirs et Boliviens."


Mais Dimanche dernier, les Afro-Boliviens ont reçu un encouragement important avec la ratification d'une nouvelle Constitution qui leur donne une première reconnaissance légale.


Ici, beaucoup de militants Noirs pensent que cette nouvelle législation est une première étape pour mettre fin à des années de discrimination et que c'est une des nombreuses victoires des descendants Africains en Amérique latine, où les Noirs revendiquent leurs droits, remportent des postes politiques clés, ouvrant la voie à un nouveau mouvement de fierté Noire.


Loin de leurs frontières, un autre événement constitue une véritable bénédiction pour leur cause : l'élection du président américain Barack Obama.


"Obama est un exemple que nous pouvons suivre," déclare Marfa Inofuentes, un leader du Centre Afro-Bolivien pour le Développement Global de la Communauté à La Paz.

"Nous voulons, comme lui, avoir nos propres représentants au Congrès. Et nous rêvons que nous puissions avoir un jour, un président Afro-Bolivien."


Même si les militants ne pensent pas que M. Obama agira spécialement pour leurs communautés, ils espèrent que le dialogue entre lui ou son administration et les dirigeants d'Amérique latine aura un impact positif. En Amérique latine, entre 30 et 40 pour cent de la population est d'origine Africaine – contre seulement 10 pour cent d'origine Amérindienne.

Claire Nelson, spécialiste de l’investissement et du développement à la Banque Interaméricaine de Développement, qui s'est focalisée sur la population Afro-Latine pendant plus de 15 ans, pense que le militantisme Noir vit une renaissance grâce, en partie, à l’ascension d’Obama. "Le chemin a été long en terme d'organisation et de vitalité."


Les progrès pour les Sud-Américains d'origine africaine varient selon les pays. Dans la Caraïbe, dans les pays anglophones, comme la Jamaïque ou la Barbade, la plupart des chefs d'État sont d'origine africaine.


"La dialogue entre race et classe n'est pas parfait, mais là-bas le pouvoir politique est entre les mains des Noirs," déclare Mme Nelson.


Dans le reste de l'Amérique latine ce n'est pas le cas." Dans le continent sud américain, le mouvement pour les droits civiques des Noirs est plus fort au Brésil et en Colombie, des pays qui s’enorgueillissent d’avoir les populations les plus importantes de Noirs.

Le Brésil a réalisé des avancées significatives avec "l'affirmative action" et son premier magistrat Noir à la Cour Suprême, Joaquim Barbosa, qui est considéré comme l'un des juges les plus influents.

1993 a été une année importante pour les Afro-Colombiens avec la reconnaissance formelle de titres pour leurs terres ancestrales. De nos jours, ils ont aussi la garantie d'être représentés au Congrès fédéral.


"Cela a constitué des conquêtes importantes, même si les Afro-Colombiens n'ont pas encore eu un important impact politique," déclare Carlos Rosero, un militant Colombien. "Nous avons eu plus d'influence sur des sujets comme le droit à la terre. Nous avons besoin de plus de coordination stratégique pour traiter les problèmes quotidiens."


Mais les défis sont impressionnants. Alors que les Afro-Brésiliens composent 45 pour cent de la population, ils représentent 69 pour cent des personnes en extrême pauvreté. Les taux de pauvreté chez les Afro-Équatoriens, qui sont entre 5 et 10 pour cent de la population, sont plus élevés que pour le reste de la population – 90 pour cent contre 62 pour cent pour l'ensemble de la population. Seulement 17,2 pour cent ont accès aux services de base comme l'eau courante et le téléphone.


Beaucoup d'Afro-Boliviens déclarent que le racisme fait toujours partie de leur vie quotidienne. Mario Medina, un habitant de La Paz, déclare qu'il peut prendre des formes différentes, mais celle qu'il observe le plus souvent est sur le terrain de football. "On peut crier, hey, Juan, passe le ballon. Mais dans mon cas on dit, hey, 'negrito.' "
"Les gens avaient l’habitude de penser que nous sommes uniquement fait pour travailler dur, jouer au foot et danser," déclare Mme Inofuentes.


Mais cela commence à changer. Des groupes commencent à travailler ensemble à travers la région, plus particulièrement sur des sujets comme la reconnaissance lors du recensement. Et même dans des pays avec une faible population Noire, beaucoup pensent qu'une nouvelle ère a commencé.


"Maintenant, une conscience politique a été réveillé," continue Inofuentes "Nous défendons nos droits et une reconnaissance politique."
Le mouvement militant Noir en Bolivie a commencé il y a environ 20 ans comme un mouvement culturel pour préserver leur musique et leur danse appelée 'saya'.

Récemment, lors d'une soirée à La Paz, une clientèle branchée se rassemblait autour d'un groupe d'Afro-Boliviens jouant du tambour et dansant en cercles – un signe évident que leur culture a été adoptée par la majorité des boliviens.

Les Afro-Boliviens sont des descendants d'esclaves emmenés de l'Angola et du Congo au 16ème siècle. Ils furent envoyés dans les mines de Bolivie et plus tard dans les plantations de canne à sucre dans la vallée Yungas, une région semi tropicale à environ trois heures de La Paz.

De nos jours, il y a des communautés à travers tout le pays car beaucoup sont allé schercher du travail dans les villes, mais la plus forte concentration reste dans les vallées. Les leaders estiment leur population à environ 30 000.

À Tocaña, perchée sur une montagne verdoyante, il n'y a que 30 familles. Le village a longtemps été isolé. Cela ne fait que sept ans qu'il y a l'eau potable et l'électricité. Il y a une école primaire, et un centre de santé avec du personnel uniquement le samedi. La plupart des habitants ont des téléphones portables, mais ils préfèrent s'interpeller en criant à travers la montagne.


Les résidents coupent du bois pour chauffer leurs fours, travaillent dans les plantations de coca et de citronniers pendant la journée. La nuit, le village prend vie, avec des matches de football et les enfants qui jouent autour de l'unique église Catholique.


Comme dans d'autres pays, les victoires remportées ici par les autochtones – en 2006, la Bolivie a élu sont premier président Amérindien, Evo Morales – ont inspirées le militantisme Noir. Comme les Amérindiens réclamaient de plus en plus fortement la réécriture de la Constitution, les Afro-Boliviens ont vu une opportunité pour
défendre leurs propres causes.


"Nous nous sommes rendus compte que nous devions être représenté dans la Constitution," déclare Juan Vasquez, le responsable du village de Tocaña. Maintenant qu'ils ont gagné ce point, la prochaine bataille sera une reconnaissance spécifique dans le prochain recensement en Bolivie.

"Pendant des années on nous a simplement considéré comme des Aymara parce que nous vivons entourés d’ Amérindiens," continue. M. Vasquez.
"Maintenant c'est en train de changer. Nous avons récupéré notre amour-propre en tant que descendants Africains."

Par Sara Miller Llana | Membre de l'équipe de rédaction du Christian
Science Monitor de l'édition du 31 Janvier 2009

Traduit de l'Anglais par Christophe Kodjo Charlec

http://www.csmonitor.com/2009/0130/p25s19-woam.html

eu

Christophe Kodjo Charlec, Translator

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Commentaires
N
Etant africain marié à une bolivienne,j'ai été honoré des actes du chef de l'état bolivien Evo Morales d'inclure les afroboliviens dans la nouvelles constitution;Obama et Evo sont l'espoir<br /> de tout un peuple qui revendique leur droit à vivre libre et à être accepté et respecté.
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S
Merci pour ce document. C'est très émouvant de découvrir qu'en Amérique Latine, des populations noires vivent comme dans des villages reculés d'Afrique. La différence, c'est que leurs concitoyens blancs les ignorent parafois comme tels.<br /> Il me semble que de façon indirecte, l'élection d'Obama rendra les minorités noires plus audacieuses dans la revendication de leurs droits. Les mouvements de grèves aux Antilles françaises sont nés au lendemain de l'investiture d'Obama. Il y a des signes qui ne trompent pas.
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