Quince Duncan : “La guerre des races est terminée; le 21ème siècle est celui de la reconstruction”

Activiste. “Nunca pensé ver en tan poco tiempo que Estados Unidos pudiera tener un presidente negro”: Duncan Par: Juan Carlos Aguilar García à Veracruz Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga

Pour Quince Duncan, écrivain et membre de la Commission Scientifique du projet Route de l'esclave de l'Unesco, l'étape la plus agressive du racisme au Mexique et en Amérique Centrale est passée. Tous les problèmes ne sont pas pour autant résolus, mais il y a effectivement eu un grand changement au cours des 30 dernières années. “La guerre est terminée, nous sommes à présent à l'étape d’enlever les décombres”, affirme-t-il.

“Quand une guerre prend fin,  beaucoup de décombres restent, et à présent, on est en train de ramasser ces déchets. Plus jamais dans l'histoire ne se répéteront les horreurs du passé. C'est vrai que, je vous le confie,  je suis un optimiste incurable, mais je pense que les choses se dérouleront ainsi”, dit-il.

L'optimisme de  Duncan n'est pas sans fondement. Pour lui, il y a deux moments historiques qui ont clairement marqué le début de la “bataille finale”, comme il l'appelle.

“Le geste de Rosa Parks —quand en 1955, elle jura que plus jamais elle n'allait s'assoir sur les sièges arrières d'un autobus  -- commença la bataille finale. Et la guerre a pris fin avec l'arrivée de Nelson Mandela au pouvoir en Afrique du sud ”, estimait dans une entrevue Duncan qui a pris part à la première édition du premier Congrès Diaspora, Nation et Différence qui s'est tenu au port de Veracruz.

Organisé par la Coordination Nationale d'Anthropologie de l'Institut National d'Anthropologie et d'Histoire, pendant quatre jours, le congrès a passé en revue les contributions culturelles et sociales de la race noire en Amérique, en plus de publier de nouvelles études sur le sujet.

Au milieu de ses journées dédiées à l'Africanité, Duncan a indiqué que “pour la première fois en 300 ans, il y a une conscience claire des choses. Les 17 ème et 18 ème siècles furent les plus durs pour les noirs. Mais comme je vous le dis, les choses ont beaucoup changées. Peut-être qu'il nous manque quelques 50 ans pour nettoyer les décombres laissées par cette guerre. De toute manière, ce siècle est celui de la reconstruction…”.

—Il est même possible aujourd'hui que les États-Unis aient un président noir…
—C'est un fait historique que je n'ai jamais pensé voir aussi vite, surtout quand on pense au niveau de racisme qui continue d'exister dans ce pays. Si Obama remportait l'élection présidentielle, cela aiderait grandement dans plusieurs sens.

Je me souviens que la lutte qu'a entreprise Martin Luther King pour les droits civils a immédiatement eu des répercussions au niveau mondial.

Au moins, les déclarations d'Obama selon lesquelles le Traité de Libre Échange ne favorise ni les nations Latino américaines ni le peuple nord-américain, mais qu'il s'agit d'une affaire des multinationales représente déjà un grand pas. Ce qu’il dit est très intéressant.

DOMINATION. Pour Duncan, qui est également conseiller de l'institut interaméricain des Droits Humains, c'est un mensonge de dire comme beaucoup l'affirment que le racisme est le produit de l'ignorance et de la peur de l'autre.

“Il s'agit de deux grands mythes. Premièrement, il faut dire que le racisme a été créé par quelques esprits des plus brillants du monde occidental.

“Si tu te mets à voir ce que Hegel ou Linneo ont fait, tu commences à voir que le racisme n'est pas une invention de personnes ignorantes. Ce fut une idéologie créé avec la plus mauvaise intention pour justifier la domination coloniale de l'Europe sur le reste du monde.

De fait, c'est précisément à partir du début du 19ème siècle au Congrès de Vienne que le racisme prend un essor sans précédent.

“Il y avait évidemment des antécédents, avec le Pape Nicolás IV, qui avait dit: ‘Esclavage à perpétuité pour les africains ’. Le religieux Sepúlveda, en Espagne a également justifié la domination de l'indigène. Mais lorsqu'on parle du racisme doctrinaire que j'appelle le véritable racisme dans lequel s'articule en plus le racisme scientifique (c'est-à-dire la craniologie qui signifie que l'on mesure les cranes et que l'on dise que les noirs ont un crâne plus petit), il ne s'agit pas d'inventions de personnes ignorantes.

“Le second mythe est que le racisme se produit par peur de l'autre. Si c'était vrai, j'aimerais que l'on m'explique pourquoi il y a eu autant de racisme dans le sud des États-Unis où de nombreux enfants blancs ont été élevés par des nourrices noires.

“Eux qui dans la réalité ont grandi en voyant leur vraie mère en cette esclave qui les a allaité, ils sont cependant les plus grands racistes. Comment ces enfants sont-ils devenus racistes? Hé bien, parce qu'ils ont été endoctrinés. On leur disait ‘elle t'a allaitée, mais elle est inférieure, elle est ta servante’. Ils ont toujours cru en cette idéologie dans leur esprit”.

— Que faut-il faire pour retourner cela?
—Il faut beaucoup travailler avec les jeunes, dans les écoles et dans les institutions pour qu'il commence à y avoir des politiques publiques.

Et de fait, malgré la présence massive d'Afrodescendants en Amérique (il y a globalement plus d'Afrodescendants que d’indigènes, le noir reste exclu des décisions en matière économique et politique dans de nombreux pays.

Ils restent invisibilisés  et stigmatisés; on continue de leur enlever la chance d'occuper des postes de premier rang pour lesquels ils sont mal vus. Si tu veux travailler, va à l'intérieur, car dehors, il n y a pas de place pour toi.
Cette situation est actuellement combattue par les mêmes organisations noires. L’Organisation des États Américains est en train de négocier un accord contre le racisme et d'autres formes de discrimination raciale.

Pour sa part, la Commission Interaméricaine des droits Humains  a obtenu plusieurs résultats en faveur des afrodescendants sur le continent. Comme tout changement idéologique, il s'agit d'un processus lent, qui prendra peut-être toute une génération. Cependant, il y a une avancée civilisationnelle, il y a plus de conscience …

http://www.cronica.com.mx/nota.php?id_nota=367361

Comments

[guyzo]

Commentaires issus de http://www.grioo.com/blogs/guyzoducamer

1. Le samedi 21 juin 2008 à 19:56, par MOHA


Réflexion très juste et instructive. Mais, j'ai peur que Madame Quince Duncan soit trop optimiste.

2. Le samedi 21 juin 2008 à 20:50, par camer en force

elle est peut terminer pour vous mais pour nous autre afrocentriste elle ne fait que commencer tous ceux

3. Le dimanche 22 juin 2008 à 04:04, par s

Quand on a une victoire il faut le proclamer, Quince Duncan le dit clairement et elle a raison. Nous n'allons pas passer notre temps à enfoncer des portes ouvertes pour plaire à des gens qui ne decouvrent ces combats que maintenant. Quand on a gagné on ramasse le butin et on va vers d'autres victoire; Excelsior!!!!!
Anténor Firmin a répondu immédiatement à Arthur de Gobineau, il faut le savoir. De même que il faut savoir le nom de la première personne noire réduite en esclavage qui d'ailleurs est devenu marron: Sebastien

4. Le mercredi 25 juin 2008 à 16:57, par Avembe

je suis désolé la guerre est loin d'être finie!!!!Camer en force a trop raison .C le genre de propos qui fait bêtement baisser la garde(déjà qu'elle n'est vraiment pas si solide) ou pire, appelle à orienter et investir nos efforts là où il ne FAUT PAS!!!
Le racisme est un instrument de pouvoir, il a littéralement catalyser les forces intellectuelles des Européens en leur permettant d'exploser toutes les barrières morales( en justifiant même ces explosions religieusement, politiquement, économiquement,scientiquement)...Et au vu de l'ivresse, voire de la folie de ce pouvoir que le racisme leur a permis de vivre, ils mettront AUTANT d'énergies à préserver ce racisme quitte à prétendre qu'il n'a pas exister(à noter la curieuse mais féroce entreprise "scientifique"de disparition du mot "race" depuis qu'ils se sont ENFIN aperçus qu'ils estimaient être allé trop loin après l'indicible,l'innomable entre 1940 et 1945 puisqu'auparavant "ce n'était pas si grave")
Ben ouais quoi...s'il n'y a pas de race...y a pas de racisme!!!
Je vous jure qu'ils trouveront n'IMPORTE quoi pour y parvenir...N'IMPORTE QUOI!!!!le temps nous dira!!!

5. Le vendredi 27 juin 2008 à 03:18, par mamadou

Quince Duncan"plus jamais dans l'histoire ne se repeteront les horreurs du passé" .
cette personne dit tellement de bétises que cela ne me donne pas envie d'argumenter mes propos, mais je lui dis juste que "l'afrique est dans une telle horreur!!!!!!!"

[Musengeshi Kat]

Je suis d´accord avec l´auteur qu´une époque primitive et animale de la guerre des races prend lentement fin. Mais ce n´est pas la fin du combat, loin de là. Le vrai combat vient à peine de commencer: celui de l´équité économique ouvrant sur la réalisation sensible et culturelle. Quand on n´a pas de travail, pas de revenu, il est difficile de sortir de la pauvreté et du manque. Or, ce qui se cachait derrière l´esclavage et le racisme n´est rien d´autre que l´économie abusive et exclusive du maître contraignant et dominant. Et on remarquera que les riches ne voudront faire aucun compromis de partage ou de démocratisation des moyens de production afin que tout le monde trouve son compte. A moins, bien entendu que ce soit à leur avantage ou par la consolidation ou l´élargissement de leurs privilèges. Si au moins tout le monde pouvait trouver sa place et entretenir sa vie décemment dans ce tiraillement ! Mais autant le chômage en occident que l´endettement publique ahurrisant sous lequel ploient les pays industrialisés prouvent qu´il n´est pas aussi facile d´établir une économie d´équilibre et de plein emploi lorsqu´on a entretenu des décennies durant une mécanisation abusives, ou qu´on n´a pas donné la chance aux pauvres de s´instruire, d´accumuler et plus important: d´enrichir leur imaginaire et leur créativité.
Transposé au duel des races, les africains et les afrodescendant apprendront bientôt que ce sont eux qui doivent faire les efforts pour sortir de leurs misères et qu´ils ne peuvent pas compter sur les riches, les occidentaux ou autres étrangers. Ces derniers ayant bien de torments et de frais à domicile. Et à moins d´accepter l´éternelle soumission et son corollaire connu: la pauvreté; les africains et afrodescendfants verront que toutes leurs souffrances passées, toutes les injustices, les abus qu´ils avaient endurés des siècles durant n´avaient conduit à rien du tout. Parce que l´effort qui était à faire aujourd´hui pour sortir de la misère et de la pauvreté demain était immense, presque inhumain, notamment parce les parvenus et les riches, dans leur cupidité insatiable, leur mettaient en permanence les bâtons dans les roues en voulant les atteler le moins cher que possible à leur charrue. Simple économisme. Mais c´est cependant là où les africains et les afrodescendants ne se donnent pas la peine de maîtriser le dessous des cartes tout en imposant et attisant l´entretien, la défense et la promotion de leurs intérêts légitimes. Je me méfie toujours de ceux qui prétendent à la fin de la guerrre ou à l´humanisme de leurs intentions; il suffit de voir l´armement militaire américain, celui de la France, de la Chine ou de la Russie pour se dire qu´eux ne se contentaient pas de faire confiance aux autres. Ils s´armaient en puissance. Seule la race noire croit au bon Dieu, à l´église chrétienne du dimanche et à l´aide internationale ! Trop confiant, à mon avis. Il suffit pourtant, pour abandonner son infantilisme, de se tourner vers l´histoire de son propre passé...si on sait l´interpréter et la comprendre, naturellement ! Sans cela certaines douleurs se répéteront toujours sous des formes nouvelles, mais les résultats seront les mêmes: les riches s´enrichiront tandis que les pauvres sombreront encore plus dans la misère et le désespoir.

Musengeshi Katata
"Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu"
www.realisance.afrikblog.com