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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
3 juillet 2018

Carlos Sanchez, gamin afrodescendant devenu le roc de la sélection de Colombie

sanchez

Carlos Sánchez s'est endurci en jouant pieds nus dans les quartiers de Quibdó. Son corps, depuis tout petit, était prédisposé pour le football. Mais il a dû persister, faire preuve de patience et se trouver un terrain, loin de chez lui, pour réaliser son rêve de devenir professionnel.

En 1998, Carlos Sánchez, 13 ans, était le pilier de l'équipe formée par le professeur Plinio Hurtado pour représenter Quibdó lors d'un tournoi départemental à Andagoya. Le jour où débutaient les rencontres, tous devaient se retrouver très tôt. Mais au moment convenu, point de Sanchez sur les lieux et personne n'avait d'explication. Le professeur et ses joueurs sont montés dans le bus et se sont rendus à El Bosque, un quartier modeste comme presque tout ceux de Quibdó.

 Ils s'arrêtèrent devant la maison de Sanchez et le professeur y trouva son joueur, qui refusait de jouer, même si en fait, c'est ce qu'il souhaitait le plus. La raison: il n'avait pas de godasse. Le professeur finit par le convaincre malgré sa résistance en lui promettant qu'on lui trouverait des souliers. 

L'équipe joua si bien les premiers matches, Sanchez en étant le moteur, qu'ils durent s'enfuir d'Andagoya avant de disputer les finales pour éviter la bagarre avec leurs adversaires.

"Carlos Sánchez avait le corps de Goliath et l'esprit de David", affirme Nelson Palacios, son premier entraîneur. Deux ans plus tard, il fila à Medellin pour rester dans le viseur des grands clubs de la région et participer à la ligue d'Antioquia.

Mais même si il était une figure importante dans l'environnement local, aucune équipe ne se décidait à le recruter.

C'est ainsi qu'il se retrouva en Uruguay. L'adolescent allait réussir petit à petit à s'ouvrir les portes dans un des pays les plus amateur de football, dans lequel le respect se gagne davantage avec la sueur qu'avec les buts. Un football à la mesure de son caractère. Il débarqua à Danubio, où l'histoire de Medellín commença à se répéter. Il s'entrainait, jouait et persistait, mais deux ans étaient passés et il n'avait pas toujours débuté dans le foot professionnel. Le club, pour des questions d'argent, ne voulait pas le garder. Il courait ainsi le risque de retourner en Colombie, à 18 ans, avec un rêve brinquebalant. 

 Sánchez était relégué au tournoi des moins de 19 ans,  et lors de l'une de ses rencontres contre River de Uruguay,  l'entraineur de cette équipe fut fasciné par son déploiment physique et son agressivité. Il le recruta et en 2005 à 19 ans, Sánchez débuta enfin chez les seniors, loin de chez lui. Au cours de sa première saison, il disputa 14 matches. La saison suivante, il était déjà titulaire inamovible. Il devint l'idole des supporters.

En 2007, des recruteurs français commencèrent à négocier son saut vers l'Europe, et sa carrière était lancée. Et durant la même période, Jorge Luis Pinto, entraineur de la Selección Colombia, cherchait des jeunes pour affiner la nouvelle génération tricolore en vue du Mondial Afrique du Sud 2010. “C'était un biotype fait pour le football, Era un biotipo hecho para el fútbol, un joueur fibreux, bien doté en musculature, d'une bonne capacité aérobique et d'un bon niveau technique”, raconte l'entraineur.

Le 14 octobre, il l'aligna dans la sélection première. L'entraineur s'en rappelle très bien des critiques qui allaient alors pleuvoir. La presse sportive questionnait la titularisation d'un incoonu qui n'avait jamais joué en Colombie. À cela s'ajoutait la pression de l'adversaire lors de ce premier match éliminatoire, à savoir, le Brésil de Ronaldinho et de Kaká, contre lesquels ils obtinrent un match nul.

 Depuis lors Sánchez n'a plus quitté le maillot de la sélection, avec laquelle il a disputé 85 rencontres. Il est également abonné à l'élites des championnats européems. En réalité, il est le seul colombien à avoir évolué dans les trois plus grands championnats de football : de Valenciennes en France, à Elche, en Espagne; puis à Aston Villa, en Angleterre et à la Fiorentina, en Italie d'où il est retourné en Espagne avec l'Espanyol. Il compte déjà 378 matches professionnels, dont certains dans des stades légendaires comme le Santiago Bernabéu, Old Trafford ou encore San Siro.

À Quibdó, le Chipi Chipi, terrain sur lequel il a joué ses premiers matchs est toujours le même. Une étendue de terre et de cailloux qui se transforme en marais lorsqu'il pleut, avec deux buts aux filets métalliques brisés. Chaque soir, des centaines de garçons viennent en courant honorer leur rendez-vous pour un match de football en ces mêmes lieux, où, il y a plus de 20 ans se produisait le miracle: un gamin s'était transformé en roc. 

 

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

 

https://www.semana.com/mundial-rusia-2018/noticias/el-nino-que-se--convirtio-en-roca-573602

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