Ce qui a été supprimé par les réactionnaires britanniques et européens ayant un intérêt particulier à justifier l'esclavage, c'est que bien avant la traite négrière, les Africains étaient déjà bien avancés dans le secteur minier et dans le travail des métaux, la production alimentaire, le tissage du coton et la fabrication de vêtements.
Mais il y avait d'autres Britanniques et Européens, qui comme des Caribéens tels que Walter Rodney, CLR James et Max Ifill, étaient intéressés par la vérité. En effet, Helge Kjekshus à la Page 17 de son ouvrage “Ecology Control and Economic Development in East African History: The Case of Tanganyika 1850-1950″, publié en 1996, souligne que Mogadiscio avait déjà été identifié comme un centre majeur du tissage de coton lorsque le premier Portugais y arriva en 1498.
Pour sa part, Richard Burton, à la page 278 de “The Lake Regions of Central Africa”, publié par Longmans en 1859, parlait d'un approvisionnement abondant de coton dans le Tanganyika Où l'on trouvait à l'époque des métiers coton dans chaque village. Burton ajouta qu'il avait trouvé que le coton "rivalisait avec la finesse, la fermeté et le poids du coton moyen du Nouveau Monde". AG Hopkins, aux pages 58-59 de son célèbre ouvrage, “An Economic History of West Africa”, publié par Longmans en 1973, notait que le commerce Africain de longue distance était une caractéristique même après l'arrivée des Européens en Afrique.
Parmi les exportations de la Sierra Leone se trouvaient le bois de cam, l'ivoire et la cire d'abeille, tandis que la gomme fut la principale exportation de la vallée du Sénégal et de la côte mauritanienne aux 17ème et 18ème siècles. Parallèlement, les métaux minés en grandes quantités en Afrique de l'Ouest au moment de l'arrivée des Européens étaient l'or et le fer, dans une moindre importance le cuivre et l'étain. Les industries manufacturières significatives étaient la céramique, l'habillement, la construction et la transformation des aliments et le plus important de tous - la fabrication de vêtements. La célèbre ville de Tombouctou est reconnue parce qu'elle comptait pas moins de 26 maîtres tailleurs à la fin du 16ème siècle!
Au début des contacts européens avec l'Afrique de l'Ouest il y a plusieurs siècles, les Européens achetaient du tissu de la Côte d'Ivoire, du Bénin, de la Mauritanie, de la Sénégambie et du Yorubaland pour l'exportation. Le Kongo, ex-Zaïre, a été décrite par l'écrivain John Thornton, dans son Africa and Africans in the Making of the Atlantic World, 1400-1800, publié en 1992, comme étant "parmi les principaux centres de production de textiles au monde".
Le célèbre auteur guyanais, Walter Rodney, à la page 121 de son ouvrage monumental “How Europe Underdeveloped Africa”, publié par Heineman Kenya en 1989, révélait que dès le 15ème siècle, les Portugais avaient interrompu le commerce le long de la côte de la Haute Guinée.
Employant des armes de loin supérieures, parmi lesquelles des canons et des fusils , que ceux connus et possédés par les Africains de l'Ouest à l'époque, les impitoyables portugaiss bloquèrent le commerce pacifique du coton brut et teinture indigo, entre autres qui s'opérait à différents endroits. Rodney écrivit que les Portugais interrompirent un commerce à canot actif entre ce que l'on connait aujourd'hui comme la Côte d'Ivoire et le Ghana, en construisant un fort à Axim.
En général, au fil des années, les commerçants européens allaient mettre un terme à l'expansion de la production des tissus par les Africains - Rodney. Cela sera étendu à la fonte du fer et à la fabrication d'outils de fer qui remontaient à 1000 avant JC en Afrique sub-saharienne . La fonte du cuivre en Afrique à l'Ouest du Sahara et du Sahel existait depuis au moins 2000 ans avant JC. Pour mémoire, en 1859, le fer produit à Usangi, dans ce qui constitutait le Tanganyika Central, fut décrit "comme étant aussi célèbre que l'acier suédois".
Les nations métropolitaines installèrent des colonies en Afrique où elles découragèrent les industries établies. Au contraire, l'emphase fut mise sur l'approvisionnement de matières premières qui allaient alors être expédiées vers les pays européens qui en avaient le contrôle, à un faible prix, pour y être raffinées et réexpédiées vers les colonies à des prix beaucoup plus élevés. Plus tard, de nombreux pays africains, malgré l'obtention de leur indépendance politique, mais avec des économies sous-développées et limitées par un manque de revenus et par la désindustrialisation délibérée de la part des anciens colonisateurs furent et demeurent littéralement pris au piège.
L'un des pires exemples de cela fut la Convention ACP-CEE de Lomé en 1975, et plus tard, la Convention de Cotonou, qui a pris fin il y a quelques années. En attendant, les prix des biens provenant des pays en développement étaient souvent, comme Alvin Toffler l'indiqua aux pages 88-89 de son livre "The Third Wave», publié par Bantam en 1980, davantage rabaissés par "La Loi du Premier Prix"(“The Law of the First Price” = lorsqu'une 'nouvelle' matière première se retrouve sur le marché, le premier prix établi aura tendance à dicter tous les prix futurs) . La structure des prix établie au début pour le pétrole brut en était le meilleur ou le pire exemple. Il resta à un niveau bas jusqu'à ce qu'il fut efficacement contesté en 1973 par l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP).
Traduit de l'Anglais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com
http://www.newsday.co.tt/commentary/0,164186.html