Des tresses pour contrer le racisme au Panama
CAMPAGNE. lA COMMUNAUTÉ AFRODESCENDANTE DÉFEND SES COUTUMES. (Photo : SPÉCIAL EL UNIVERSAL )
SAN JOSÉ, Costa Rica.— Teint basané , Yeux noirs perçants et cheveux parfaitement alignés dans une coiffure du style tire-bouchon, la gamine sur l'affiche ne comprends toujours pas. “Maman, pourquoi je ne peux pas porter les tresses à l'école?”, demande-t-elle.
La réponse couve un conflit racial qui secoue ces jours-ci la société panaméenne. La controverse a explosé lorsque, en avril dernier, une maitresse employée du Ministère de l'Éducation du Panama a interdit à la petite Ashley Sánchez d'entrer dans une école primaire avec ses tresses.
Mais le cas n'est pas isolé; l'interdiction des coutumes d'orignine africaine s'étend à de nombreux établissements scolaires, dans un pays qui enregistre de fréquentes dénonciation de discrimination raciale qui touche également les sept ethnies indigènes.
En signe de protestation, la Coordination des Organisations Noires Panaméennes — groupe non public comprenant plus de 35 institutions religieuses, syndicales, entrepreneuriales, féminines, de jeunes, artistiques et des loges de cette ethnie— a convoqué pour ce lundi (hier) la Journée des Tresses, Panama (“Día de las Trenzas, Panamá”.
“Au Panamá, au cours des 15 dernières années, des fillettes et des adolescentes afrodescendantes ont été confrontées à des difficultés en arrivant dans leurs écoles et collèges du primaire et du secondaire alors qu'elles portaient des tresses. On leur a interdit d'utiliser des tresses et nous considérons cela comme un acte de racisme”, indique Alberto Barrow, porte-parole du la Coordination.
Consulté par EL UNIVERSAL, Barrow a précisé que même si “ce n'est pas une interdiction officielle” et qu'il n y a pas non plus de directive du Ministère, c'est une “pratique soutenue par certains enseignants et certains inspecteurs de discipline depuis 15 ans et point n'est besoin d'aucune norme du gouvernement. C'est une pratique qui est suffisante mais qui est essentiellement raciste”.“L'interdiction d'utiliser la coiffure en tresse dans les écoles et les collèges est une réalité et ne doit et ne peut pas être sous-estimé par le Ministère de l'Éducation”, a-t-il déclaré .
L'activité de ce lundi devait voir des petites filles et des adolescentes se rendre dans leurs établissements scolaires coiffées de tresses, dans une attiturde de défi à leurs enseignants. L'objectif, selon le porte-parole, est que les femmes “revendiquent leur identité” dans les établissements d'enseignement. Le Ministère a nié avoir interdit l'usage des tresses.
Dans un pays de 3,4 millions d'habitants, les chiffres du Recensement de la Population et de l'Habitat de 2010 ont montré qu'il y a plus de 311 000 afrodescendants, ce qui équivaut à environ 9,2% de la population. Du fait de sa position dans la ceinture de l'Amérique, le Panamá a accueilli des milliers d'africains mis en esclavage pour être utilisés dans le transport de marchandises entre les océans Atlantique et Pacifique.
Ainsi, durant le 19ème siècle, une immigration de masse des noirs de la Jamaica est venue contribuer aux constructions du chemin de fer et à la première tentative de constructin d'un canal interocéanique , et a au début du 20ème siècle, un grand nombre d'ouvriers noirs prirent part à l'édification de l'actuel.
Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com