L'actrice afrocolombienne Karent Hinestroza évoque son dernier film ‘Chocó’
Le film a été présenté le 15 février à au Festival du Cinéma de Berlin.
Quelle est l’histoire de ‘Chocó’?
Le film raconte la vie de Chocó, une femme de la zone rurale du Pacifique colombien qui travaille dans l’industrie minière pour faire vivre ses enfants et son mari duquel elle ne reçoit que des mauvais traitements. La situation devient extrême lorsque Chocó se rend compte qu’à cause des violences de cet homme, elle n’arrivera pas à tenir une promesse qu’elle avait faite à sa fille Candelaria. C’est là que change la tournure de l’histoire.
Qu’est ce Karent partage avec Chocó?
Le caractère des femmes du Pacifique.
A-t-il été facile de porter sur vos épaules le nom d’un département si affligé?
Chocó est un beau nom et sa terre a subi autant de coups que ceux que subit cette femme dans le film.
Comment le film se retrouve-t-il à Berlin?
Le réalisateur, Jhonny Hendrix Hinestroza et son équipe de travail Antorcha Films (producteur) ont inscrit le film à la section Panorama à la Berlinale, et heureusement, il a été sélectionné.
Et comment pensez-vous qu’il y sera perçu?
J’espère que bien, qu’il engendrera de nombreux commentaires et qu’il nous permettra de nous penser comme des hommes et des femmes dans nos sociétés.
Qu’est ce que vous aimez dans cette production?
Que l’on évoque des sujets qui touchent plusieurs endroits du pays: le déplacement forcé, l’exploitation illégale des mines, les mauvais traitements que subissent les femmes, la discrimination. Les problèmes sur lesquels beaucoup de colombiens ont travaillé et dont autant ont perdu la vie au cours de la lutte.
‘Chocó’ est-il un film pour le grand public?
Oui. Le scénario est réalisé dans une structure conventionnelle, il parle de sujet universels et montre de beaux paysages.
Et vous, quelle lecture donnez-vous à ce département?
C’est la mémoire historique de la Colombie: un département de leaders hommes et femmes qui a souffert de l’exploitation des étrangers.
Que devrait-on savoir du Chocó et qui est actuellement occulté ?
Que beaucoup de personnages ayant initié le processus d’indépendance de notre pays étaient des afrodescendants et une grande partie d’entre eux venaient du Choco: Barule, Agustina de Tadó Chocó, entre autres.
‘El vuelco del cangrejo’ et maintenant ‘Chocó’. Quel lien entrevoyez-vous entre ces deux films dans lesquels vous avez joué?
La participation active de la communauté du Pacifique Sud et du Pacifique Nord où ont été tournés ces Films.
Qu’a signifié pour vous l’apparition dans ‘El vuelco del cangrejo’?
Débuter un apprentissage dans le cinéma en tant qu’actrice.
Comment décrivez-vous cette étape que vit le cinéma colombien?
C’est justement le cinéma colombien! On fait désormais un cinéma pour tous, en parlant de l’intérieur, des régions de notre pays qu’on n’avait jamais montré sur grand écran.
Deux réalisateurs qui attirent votre attention?
Spike Lee et Peter Brook.
Quel est le film national película nacional que le sepa más a Colombia?
Los colores de la montaña.
L’Hinestroza du réalisateur et le vôtre, c’est juste une coïncidence?
Oui, et on s’en est rendu compte peu avant le début du tournage. Jhonny est un Hinestroza de Quibdó; moi de Timbiquí, dans le Cauca.
Comment êtes vous devenue actrice?
En faisant le cours d’Art Dramatique à l’Université del Valle à Cali.
Existe-t-il des acteurs naturels ?
Bien sûr, et les réalisateurs ont un très bon œil pour les découvrir.
Vous considérez-vous comme une actrice naturelle?
La condition d’artiste me permet de l’être quand cela est nécessaire, selon les directives d’un réalisateur.
Qu’est ce qui vous passionne?
Le théâtre.
Qu’y a-t-il derrière la couleur de la peau?
Des êtres humains.
Quelle cause vous touche ?
La cause afrodescendante.
Avant de faire le saut au cinéma, à quoi vous consacriez-vous?
Au théâtre, c’est ça ma profession Hacía teatro, esa es mi profesión.
Que gardez-vous de votre ville natale Timbiquí (Cauca)?
Je garde tout. C’est ma ville, celle qui a fait de moi ce que je suis en tant que personne, et la particularité que j’ai comme actrice.
Que vous a apporté Cali?
Mes amis, le théâtre et l’amour.
Préférez-vous le cinéma ou le théâtre?
La question la plus difficile... j’ai beaucoup plus de plaisir au théâtre qu’au cinéma. Mais il n y a pas de sensation plus forte que de travailler très dur dans un film et de s’assoir par la suite pour voir le résultat sur un grand écran.
Que signifient les applaudissements du public ?
La motivation pour continuer à créer.
Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com