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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
15 septembre 2009

Colombie : Combattre la pauvreté plutôt que le racisme



Par Daniel Mera Villamizar*

Mera

Traduit de l'Espagnol par guy Everard Mbarga

Cela vaut-il la peine de débattre sur ce qui constitue le principal problème des Noirs de la Colombie?  Il y a peu de temps, le Conseil des ministres a répondu à cette question par la négative par 'correction politique'.

En droite ligne de la tendance actuelle consistant à ne pas être en désaccord avec ceux qui s’occupent de la problématique  des afrocolombiens, peut-être  en partie de peur d’être taxé de  «raciste», personne n’a rien dit au Vice Président Santos.

Cependant, les choses auraient été différentes si la question était posée comme suit : s'il nous était possible d'éliminer d'un seul coup un de ces deux problèmes qui touchent la population noire, lequel choisirions-nous  ", la pauvreté ou le racisme?
Parce que bien choisir le problème principal a son importance.

Presque tous les colombiens Noirs élimineraient la pauvreté, car leur combat quotidien porte un nom : la survie, le bien-être, le progrès. Ils savent qu’entre vivre bien tout en bataillant face aux préjugés raciaux (pas tous) ou rester pauvres dans une communauté sans préjugés raciaux, le premier choix est de loin le meilleur.

Chacun a pu constater que le respect des Noirs augmente proportionnellement à ses progrès socioéconomiques, même un chouya de  plus que ce qui se passe avec les autres. En fin de compte, il est presque inévitable de conclure que les Colombiens sont plus «classistes» que «racistes».

Le débat s’arrête-t-il donc là? Pas du tout. Certaines personnes influentes pensent que le "racisme structurel» est la cause de la pauvreté de la population noire.

Même si cela était vrai, il serait plus politique et pratique  de donner la priorité à la lutte contre les inégalités, plutôt qu’à la lutte contre le racisme, pour la même raison qu’il est plus facile d’invoquer les principes partagés qu’exiger des réparations pour le passé : parce que les gens seront réticents et n'accepteront (…)pas d'accusations ou la culpabilité historique, et la conversation sociale restera embourbée dans des termes négatifs ( "vous êtes racistes, non je ne suis pas raciste").


Encourager la société à avancer vers l'égalité en réduisant la (plus) grande pauvreté des groupes défavorisés peut par contre mener à un débat social plus productif.

Au fait, c’est quoi le "racisme structurel" et explique-t-il la pauvreté? On dit qu’il s’agit de «l’effet social» du «racisme quotidien et diffus du citoyen ordinaire, silencieux, culturellement établi, non explicite qui n'est visible que dans les statistiques qui démontrent les désavantages des personnes discriminées.

Il est bon de nuancer : i) il faut être «Dieu» pour discerner et percer ainsi le coeur, la raison, les valeurs et les comportements quotidiens, ii) par conséquent, qu’est ce qui cause donc la pauvreté chez les Colombiens qui ne sont pas noirs ? ii) il existe d’autres réalités structurelles comme les régions en retard de développement et isolées, et iv) c’est être extrêmement pessimiste que d’ignorer l'impact de l'éducation et l'évolution culturelle sur le comportement social.

Le «racisme structurel» comme matrice d'un champ d'étude c’est bien, mais qu’un discours gouvernemental et des politiques publiques en découlent, sans plus, est une chose à laquelle il faut penser à deux fois.

Si le racisme est le second problème, il faut continuer à l’affronter, avec plus d'imagination et d'efficacité. Mais si la pauvreté est le problème, il faut examiner les propositions avec attention. On perd très vite le point central et elles deviennent insuffisantes.

* Conseil d'Administration de la Fondation Color de Colombia

http://www.elespectador.com/columna158611-pobreza-no-el-racismo

Mon avis sur le texte : L’auteur de ce texte ignore complètement l’histoire des noirs de son pays qui sont issus de la traite négrière de l’esclavage.  La société blanche colombienne a certes aussi des pauvres, mais elle a toujours eu des riches, des personnalités occupant les hauts rangs dans la société à tous les niveaux (politique, économique, dans la justice, au niveau des médias…etc…) Très peu de noirs proportionnellement à leur importance dans ce pays ont occupé ses positions. Les politiques publiques réparatrices (du type affirmative action) spécifiques  sont nécessaires pour la minorité afrocolombienne. L’État colombien a toujours lutté contre la pauvreté en général, mais très souvent et tout au long de l’histoire, les afrocolombiens se sont sentis lésés, marginalisés et le rattrapage social ne s’est jamais opéré. Si cette lutte contre la pauvreté en général avait été efficace, aujourd’hui les statistiques sur les afrocolombiens ne seraient pas disproportionnelles par rapport à celles des autres communautés.

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