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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
23 février 2009

Tiers Français, Français entiers

Autant le savoir tout de suite, ce n’est pas le conflit social actuel qui touche la Guadeloupe avec ses grèves qui sera traité ici en tant que tel, car la presse l’a déjà analysé de long en large. De plus, cet événement n’est que la goutte d’eau qui essaye de faire déborder le vase.

Plusieurs questions y relatives se posent simplement, étant donné que la situation des populations d’origine africaine à travers le monde interpelle l’Africain que je suis. Des questions touchant aux problématiques plus profondes, comme celle de la dépendance sociale, économique et politique de la majorité de la population des Antilles Françaises.

Les Guadeloupéens sont-ils des Français à part entière ou des Tiers Français en sachant qu’un tiers est une personne étrangère? De part leurs identités et leurs origines multiples, partagées entre l’Europe, l’Afrique, l’Inde et l’Amérique entre autre, le Guadeloupéen n’a rien à voir avec le Marseillais, le Breton, le Parisien ou le Picard typique. Et l’État Français le traite en fonction de cela. En France on se plaint que les Dom et les Tom sont des terres de fonctionnaires avantagés, pour lesquels l’État dépense des sommes faramineuses. Comme quoi, les Antillais ne rapportent rien à la France.

On aurait pourtant pu ne serait-ce que penser au fait qu’il s’agit de territoires qui permettent à la France d’avoir une présence stratégique dans les Amériques, très utile pour un pays impérialiste. Ou encore qu’il s’agit d’une destination touristique qui rapporte d’immenses devises à de grands groupes Français (de métropole) du tourisme. Il est vrai que ce sont les Antilles, territoire et non les Antillais, à majorité noirs, qui dans ces deux exemples serviraient à la France.

Les populations noires, comme en République Dominicaine servent par exemple en majorité, à recevoir le touriste occidental avec le sourire, à occuper les postes de subalternes, à travailler dans les grandes sociétés dirigées par les békés associés à des blancs métropolitains.

D’un côté on a donc les politiciens Français et les médias Français qui font tout pour faire croire, à raison ou à tort, que la France garde ses Antilles par charité chrétienne, et que ses populations devraient la remercier plutôt que de manifester et de se révolter. De l’autre côté, il y a les Antillais qui se sentent lésés (Eux pourtant assistés?), des tiers Français.

La deuxième question se pose alors : les Antilles Françaises sont elles mieux au sein de la France ou doivent-elles devenir indépendantes?

Certains Guadeloupéens et Martiniquais qui sont contre une indépendance de la France utilisent souvent l’argument valable du risque de se retrouver comme Haïti ou comme des pays Africains dont l’Indépendance n’aurait fait qu’empirer les choses.

Ceux qui sont pour l’Indépendance sont soit aveuglés par leur grande envie de se libérer définitivement de l’oppression séculaire de l’ancienne métropole esclavagiste et du maitre esclave aujourd’hui patron exploiteur, ne voyant pas les grandes difficultés de tout ordre qui peuvent les attendre. Soit, ils en sont conscients et sont prêts à accepter le sacrifice pour que les générations futures d’Antillais soient véritablement autonomes, indépendantes et jouissent un jour d’une identité et d’une nationalité entières.

Aujourd’hui, la France, qui cantonne les Antillais aux Antilles à une catégorie d’emplois, se frustre non seulement de la force de travail, de la capacité d’entreprendre, de la force créative,  autre que manuelle et peu intellectuelle des Guadeloupéens et des Martiniquais noirs, comme le Brésil et les pays d’Amérique Latine le font avec la majorité des Afrodescendants que ces Nations discriminent, ou comme les États-Unis le font en grande partie avec les Africains Américains en ne leur laissant pas la possibilité d’exprimer leurs talents dans les conditions optimales.

Dans tous ces pays et dans d’autres, c’est le règne de la croyance quasi scientifique selon laquelle chaque fois qu’on discrimine un noir, qu’on place devant lui des barrières, qu’on refuse à un Afrodescendant les mêmes chances dans la société, dans l’entreprenariat, dans les sciences, en politique etc., cela permet aux autres, surtout aux blancs de conserver leur place.

Pourquoi ne pas alors se débarrasser d’un territoire que l’on se plaint de subventionner à grand frais ? Peut-être aussi pour ne pas abandonner les békés qui sont des Guadeloupéens eux aussi, en plus des deux raisons éventuelles citées plus haut?

Nicolas Sarkozy aime se vanter d’être un réformateur. Le président Français sait si facilement se mêler de la politique Canadienne, quand il s’agit par exemple de qualifier les souverainistes québécois de sectaires. Il devrait pour prouver son courage politique avoir justement le même courage que le Canada a eu en permettant au Québec d’organiser un référendum relativement à sa souveraineté il y a quelques années. Et donner l’occasion aux Guadeloupéens et autres Martiniquais de dire clairement ce qu’ils veulent : rester des Tiers Français dans la France ou devenir Indépendants.

Mais les premiers concernés par un changement qui serait de cette envergure, ce sont les Antillais eux-mêmes, qui devraient alors eux-aussi faire preuve d’un immense courage pour dire clairement ce qu’ils veulent et pousser la France à leur donner l’occasion de s’exprimer dans ce sens. 

Guy Everard Mbarga

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