Le nouveau Brésil
5 novembre 2007
Par Judith Morrison Il est difficile de se rendre au Brésil sans ressentir une intense connexion avec le pays. On y est comme à la maison partout où l’on se rend. Je me souviens lorsque je suis arrivée dans l’État de Maranhão au Nord-est en tant qu’étudiant de troisième cycle et que j’ai eu du point de vue culturel l’impression de déjà-vu. Après avoir bûché le Portugais pendant une année dans un cours d’un semestre, mon Portugais semblait maladroit aux États-Unis, mais en quelque sorte, une fois arrivé au Brésil, le tout semblait avoir du sens. Assis sur le pas avant d’une maison d’un quilombo Afro-Brésilien ou communauté marronne, j’allais soudain être transporté sur le perron de la maison des mes grands-parents dans le sud de la Virginie. La cadence du discours, les gestes, et les sujets de discussion étaient si familiers, et j’étais pourtant loin de chez moi. Les connexions et les similarités nous informant de notre véritable origine et de la manière dont nous pouvons être connectés par le biais d’une histoire et d’une expérience communes en tant que noirs. À Bahia, que l’on appelle souvent “l’Athènes Noire,” la spiritualité africaine est tellement authentique que les spécialistes du monde entier –et même du Continent (L’Afrique) – viennent ici pour étudier les anciennes traditions de nos ancêtres. On retrouve également l’Afrique à des endroits inattendus au Brésil. Comme dans ce restaurant Allemand de Joinville dont le grand chef est Afro-Brésilien, ou encore comme ce match de football que j’ai regardé dans un restaurant près de Curitiba avec une foule excitée composée en majorité de supporters brésiliens blancs qui jouaient des beats rythmés complexes sur les tables avec exactement le même tempo utilisé par les jeunes des lycées dans les quartiers déshérités de Philly. Avec la deuxième population d’Afrodescendants seulement derrière le Nigeria, le Brésil dispose de la population noire la plus importante de l’hémisphère et l’influence de la culture afro-brésilienne est absolument partout omniprésente. Nous avons à coup sûr beaucoup à partager avec ses frères et sœurs qu’avec le Sud, malheureusement, y compris l’héritage de l’esclavage qui a laissé une discrimination raciale persistante. Malgré les tentatives de blanchir le pays au cours de son histoire, la solide histoire de résistance des AfroBrésiliens récolte d’importantes récompenses que nous devrions examiner et peut-être même préconiser et reproduire ici aux États-Unis. Edson Santos, Ministre du Seppir En 2003, le gouvernement national a fait de l’histoire Afro-Brésiliennes et de l’Histoire Africaine des éléments du programme des écoles appartenant au système public brésilien Ce qi a conduit à la création d’un curriculum spécial visant à encourager l’étude au cours de l’année des contributions du monde Africain à la construction de l’état-nation brésilien. Les jeunes auront une meilleure estime une meilleure compréhension de soi par l’étude directe de l’expérience noire. Cette expansion importante du concept du mois de l’Histoire des Noirs portera certainement des fruits dans les prochaines générations. L’administration Lula a créé le Secrétariat pour la Promotion de l’égalité Raciale (SEPPIR), qui a rang de ministère et qui coordonne les efforts visant à offrir des opportunités aux minorités raciale et qui travaille à renforcer les liens du Brésil avec l’Afrique. Cette agence dirigée par la Ministre Matilde Ribeiro*, compte un personnel de 150 personnes qui ont fait avancer des centaines d’articles de nouvelles lois pour soutenir personnes d’origine afrodescendante et éliminer la discrimination. Le Brésil a étudié les expériences des États-Unis, de la Malaisie et de l’Afrique du Sud et a opté pour l’application des programmes d’action affirmative à travers le pays.. Des États comme São Paulo étudient la possibilité d’intégrer les politiques d’action affirmative dans tous les aspects de l’administration gouvernementale, de l’embauche du personnel à la manière dont les programmes sociaux sont effectivement appliqués sur le terrain. Le prestigieux Ministère Brésilien des Affaires Étrangères connu sous le nom de Itamaraty utilise un système de quota qui permet de réserver des places aux AfroBrésiliens pour les études diplomatiques. Et les universités à travers le Brésil ont adopté un ensemble de mesures d’actions affirmatives visant à diversifier la clientèle étudiante. Les universités publiques, qui sont souvent plus compétitives, apportent de l’aide aux Afro-Brésiliens pour la préparation de l’examen d’entrée, alors que les universités privées reçoivent des réductions d’impôts en fonction - de la diversification de leur clientèle étudiante. Le Brésil a longtemps été perçu comme la marque unique d’un modèle d’harmonie raciale (insidieusement appelée démocratie raciale) qui cache des politiques de discrimination raciale d’état à la base. Le Brésil commence enfin à venir au bout de sa longue histoire de racisme et d’exclusions par le biais de politiques innovantes et d’attention portée aux disparités raciales au niveau national – Et cet exemple intéressant vaut la peine que chacun de nous l’étudie. Judith Morrison est la directrice régionale pour l’Amérique du Sud et les Caraïbes de la Fondation Inter-Américaine. Elle écrit sur la politique internationale pour EbonyJet.com.
Traduit de l’Anglais par Guy Everard Mbarga | |