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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
25 novembre 2008

Un président afropéruvien au Pérou, sera-ce possible?

Par Carlos O. López Schmidt

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

Hier soir, 4 novembre 2008, a été un moment historique pour la diaspora africaine (1) esclavisée (2) sur ce continent.

Et c’est hier soir, au moment précis où ému et fier je voyais, sur les écrans de télévision, un afrodescendant comme moi (et peut-être comme toi, amie et ami qui lit cet article) devenir le président du pays le plus puissant du monde à ce jour; je répète, à ce moment précis, une question a surgi dans mon esprit:

La même chose pourrait-elle arriver au Pérou?
Pourquoi pas? Me répondis-je, un sourire d’espoir sur les lèvres.

Aujourd’hui, déjà plus serein, la question a continué à trotter dans ma tête.

J’ai pensé que de nombreux analystes politiques consacreront probablement des heures et des heures à ce thème et rempliront des pages entières de leurs commentaires judicieux ou non.


Je dois, avant de poursuivre, confesser que je ne suis pas un analyste politique.Et même, je ne suis analyste d’aucun thème, même pas à mon propre sujet. Je suis simplement un afropéruvien qui rêve de la possibilité qu’un jour, ses frères et ses sœurs seront reconnus, non pas pour la couleur de leurs peaux ou de l’origine de leurs trisaïeuls,
mais par leurs réalisations et leurs contributions au Pérou et pour l’humanité.

Je ne suis qu’un afropéruvien qui rêve qu’un jour, en marchant dans la rue, la femme en face de moi ne serrera pas fortement son sac en le voyant venir.

Je suis simplement un afropéruvien qui rêve qu’un jour ses petites-filles et ses petits-fils apprendront à lire avec des livres dans lesquels on retrouvera non seulement de beaux contes andins ou amazoniens, mais également afropéruviens, dans lesquels ils apprendront la grandeur de l’empire inca – et aussi- celle de leurs ancêtres afropéruviens, et qu’ils ouvriront les yeux plein d’émotion en découvrant le courage des guerriers  incas et -aussi- de l’héroïsme de  Catalina Buendía, la veuve de Pecho, afropéruvienne de Ica qui s’immola lors de la guerre contre les chiliens ; je répète que je suis simplement un afrodescendant qui rêve que dans ses mêmes livres de texte, ses petites-filles et ses petits-fils  (et les tiens aussi) apprennent sur  Túpac Amaru II et de sa bataille contre l’envahisseur espagnol , et -aussi- que l’un de ses plus importants  lieutenants était afropéruvien du nom de Antonio Oblitas et que mes petites filles et petits fils seront horrifiés de même que toi et moi en sachant qu’il fut tué à coup de pieds devant les yeux de  Túpac Amaru II, le même jour et au même endroit que lui ; et qu’ils sauront aussi que Micaela Bastidas Puyucahua, l’épouse de Túpac Amaru II était afrodescendante, et que toute femme qu’elle était, elle s’est battue vaillamment aux côtés de son époux et qu’on ne put la pendre au garrot car son cou fin -héritage africain- ne le permettait pas ; et qu’elle fut assassinée en recevant des coups ; et également dans ces textes scolaires parés de beaux dessins, nos  petits fils apprendront que le Pérou est arrosé de notre sang et construit également à notre sueur et notre effort, et que les afropéruviens ont tué et sont morts dans toutes les guerres que le Pérou a mené pour se libérer du joug espagnol et de l’invasion des pays voisins ; et que le glorieux Monitor Huáscar du Chevalier des Mers , don Miguel Grau, était constitué en grande partie par des hommes de leur ethnie.

Je suis également un afropéruvien qui rêve qu’un jour pas très lointain, il y aura des afropéruviens et des afropéruviennes ministres d’état, juges ou présidents d’organismes d’état et privés et que ce jour, j’allumerai la télé la Tv, et je verrai sur un écran un afrodescendant présentant des produits de beauté, des voitures sportives ou des téléphones cellulaires de dernière génération et non pas seulement des produits de nettoyage ou de chicha morada (boisson non alcoolisé à base de maïs) et que ce jour, en faisant des démarches dans une banque, ce sera un employé ou une employée afropéruvienne qui s’occupera de moi ; et qu’à partir de ce jour les médias ne parleront plus de  “main noire” “cœur noir” ou “nuit noire” pour faire référence à quelque chose de mal.

Je ne suis qu’un afropéruvien qui voit un de ses rêves se transformer en réalité: Plus jamais un de nos enfants ou de nos jeunes n’aura honte lorsqu’on lui dira qu’il est descendant des africains, car en partant du 4 novembre 2008, ils pourront répondre "...Oui, je suis afrodescendant, et un des nôtres est président du pays le plus puissant du monde  (peut-être pour huit ans) ".

Pour finir , entêté comme toujours, je répète en insistant: Je suis et je serai un afropéruvien qui lutte jour après jour pour réaliser  ses rêves de voir enfin, d’ici peu, au Pérou qu’on ne parlera plus des afropéruviens, andins, amazoniens, orientaux ou de juifs, mais d’êtres humains, égaux en toute chose, sauf du point de vue de la quantité de mélamine qu’ils ont dans les yeux et sur la peau. 

Une afropéruvienne ou un afropéruvien pourra-t-elle ou pourra-t-il devenir président du Pérou? Je me posais cette question hier soir, et aujourd’hui, encore plus éveillé que jamais, je rêve que d’ici peu, beaucoup plus tôt que les gens pensent, l’espèrent et le souhaitent, une personne comme moi, ayant la quantité de mélanine  –ou plus- que j’en ai dans les yeux et sur la peau dirigera notre merveilleux pays appelé Pérou.

(1) Diaspora africaine: les descendants des africains séquestrés du continent africain et emmenés par la force sur ces terres en condition d’esclavisés et considérés comme du bétail (des biens meubles) par les lois d’alors, c’est-à-dire comparables à une vache ou à tout autre animal de travail (bête de somme) quelconque ou à une machine qui se meut par elle même.

(2) Je n’utilise pas le mot esclave, car en lui même il est un terme passif. Quand on dit avocat, médecin, peintre, maçon, on parle d’êtres humains qui ont décidé librement de réaliser ce travail ou cette profession, et cela semblerait être pareil si on dit esclave. Esclavisé n’est pas un terme passif, et ne semble pas être une condition recherchée ou acceptée, le mot même définit la manière dont quelque chose arrive contre la volonté de la personne qui la subit et dénote un fait violent, et pour cette raison, dans toutes mes interventions, lorsque je parle de ce fait honteux pour l’humanité entière, je dis esclavisé.

http://www.cimarrones-peru.org/obama_presidente.htm

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Dans le cadre d'une vulgarisation des blogs ayant les Noirs ou les Africains pour sujet, je t'ai " tagué " sur mon blog. <br /> A bientôt !
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