Les noirs et la Maison Blanche avant Obama
La Maison Blanche fut construite en partie par des esclaves. Aujourd’hui, leurs descendants peuvent s’y sentir à l’aise. Frederick Douglass a visité la Maison Blanche trois fois durant la présidence de Lincloln Photos d’Archives Par Gardiner Harris Traduit de l’espagnol par Guy Everard Mbarga Les jours suivant la cérémonie de son inauguration, à mesure que Barack Obama et sa famille commenceront à se sentir à l’aise dans la Maison Blanche, leurs filles Malia et Sasha joueront probablement dans les escaliers, les chambres et les salons officiels de cette demeure. Aussi charmante que semble être la perspective de cette scène, le temps qu’il a fallu aux afroaméricains pour sentir qu’il y avait également une place pour eux dans cette résidence est un souvenir non moins émouvant. Lors d’un coup de fil avant les élections, Obama avait évoqué le profond symbolisme du fait que ses filles jouent dans le Patio Sud de la Maison Blanche, un édifice construit en partie par des esclaves. Et John McCain, lors de son discours de concession fit allusion à une scène privée qui se déroula entre Theodore Roosevelt et Booker T. Washington en 1901 et qui déclencha une controverse envenimée. En commentant ce dîner à cette époque, le Journal Memphis Scimitar la qualifia de “violation la plus condamnable jamais commise par un citoyen des États-Unis”. L’ancien président démocrate Grover Cleveland écrivit une lettre à la Chambre des Représentants – qui fut lue dans l’hémicycle de ce corps l’année électorale 1904- dans laquelle il déclara que jamais il n’avait fait une telle chose - inviter un homme noir pour dîner dans cette maison. John Stauffer, auteur de “Giants: The Parallel Lives of Frederick Douglass and Abraham Lincoln”, observa que “l’histoire de la Maison Blanche est un merveilleux symbole de l’histoire raciale de la nation toute entière”. La maison en elle même fut construite par des cuadrillas de travailleurs Noirs, dont certains étaient libres et d’autres esclaves. En 1801, un an après l’ouverture de ses portes, Thomas Jefferson emmena presque une dizaine d’esclaves de Monticello, et la majeure partie du personnel de la maison allaient être des esclaves jusqu’à la mort en 1850 de Zachary Taylor, le dernier président à avoir eu des esclaves. Beaucoup d’entre eux vécurent dans la zone réservée aux servants, au premier étage, mais d’autres vivaient dans le deuxième étage, réservé à la Première Famille -une intimité qui suscita des tensions fréquentes avec les servants qui n’étaient pas esclaves. Le visiteur le plus éminent de la Maison Blanche pendant son premier siècle fut Frederick Douglass. Il s’y rendit trois fois durant la présidence de Lincoln et sa dernière visite fut peut-être la plus importante. La Maison Blanche avait été ouverte au public pour célébrer la deuxième inauguration du président, mais les gardes ne lui permirent pas d’entrer -apparemment suite aux instructions de ne laisser entrer aucun noir. Douglass leur remis sa lettre d’introduction et Lincoln ordonna qu’on le laissa entrer. Le président demanda à Douglass comment avait été son discours. “L’opinion d’aucun autre homme n’a autant de valeur pour que la vôtre dans ce pays”, lui dit-il. “Monsieur Lincoln”, ui répondit Douglass, “cela fut un effort sacré”. Durant ces années, une couturière et ancienne esclave, Elizabeth Keckly, fut la confidente de Mary Todd Lincoln. Et au cours des trois décennies qui suivirent, plusieurs chanteuses noires, parmi lesquelles Fisk Jubilee Singers, Marie Selika Williams et Sissieretta Jones chantèrent à la Maison Blanche. Mais on n’invita aucune d’entre elles à rester dîner, un tabou qui s’étendra alors que le siècle suivant était bien entamé Lou Hoover, l’épouse de Herbert Hoover fit face à ce problème en 1929, après qu’Oscar De Priest soit devenu le premier afro-américain élu au Congrès depuis la Reconstruction. On allait la prévenir de ne pas inviter l’épouse de DePriest au traditionnel thé des épouses des membres du Congrès, et elle organisa donc un thé en aparté pour madame DePriest. Et malgré cela, l’événement motiva une résolution de critique de la Législature du Texas. Eleanor Roosevelt qui était la nièce de Theodore de même que l’épouse de Franklin, était célèbre pour avoir souvent inclut des afroaméricains parmi ses nombreux invités à la Maison Blanche , et elle reçut également les critiques –même lorsqu’elle invita Marian Anderson pour chanter à la Maison Blanche pour le roi et la reine d’Angleterre immédiatement après son concert au Lincoln Memorial en 1939. La vague d’indépendance qui enveloppa le monde dans l’après- guerre changea la scène diplomatique à Washington. Les diplomates noirs devinrent des invités réguliers des dîners d’état et les présidents des nations africaines étaient invités à passer la nuit. Cependant, la majorité des présidents réservaient exclusivement les chambres des hôtes de la Maison Blanche pour leurs parents et leurs amis proches. Mais les afro-américains continuèrent à gagner du pouvoir politique –au Congrès, au cabinet comme assistants- et dès les années 70, ils commencèrent à devenir des figures familières dans et autour du Bureau Ovale. On pense que les premiers hôtes noirs à avoir été invité à passer la nuit à la Maison Blanche furent Sammy Davis Jr. Et son épouse Altovise en 1973 par Richard Nixon. Davis allait être impressionné l'histoire. Par la suite, il allait dire en blaguant qu’il avait repoussé l’opportunité qu’il avait eu de dormir dans la chambre de Lincoln. “Je m’étais dit, je ne veux pas que [Lincoln] apparaisse en disant, ‘je les ai libéré, mais je ne voulais certainement pas qu’ils dorment dans mon lit’”. (La chanteuse Pearl Bailey, amie de Betty Ford, y passa également la nuit après la démission de Nixon). Dans les années 90, les Clinton élargirent le cercle des hôtes et des contributeurs politiques invités à passer la Nuit à la Maison Blanche, et ils y inclurent les célébrités et des politiciens comme Quincy Jones, Will Smith et son épouse Jada Pinkett Smith et Willie Brown. Cependant, l, el incidente qui exprime le Vieux l’émotion du passé pas si lointain est peut-être celui qui se produisit durant l’administration Lyndon Johnson. Bess Abell, qui était la secrétaire sociale de la Maison Blanche se souvient très bien d’un dîner de gala lors duquel Sarah Vaughan chanta avant de disparaitre du dîner. “Je l’ai rencontré dans ce Bureau que l’on avait préparé pour qu’elle soit sa loge Pendant la nuit, et elle était en train de pleurer”, raconte Abell dans une entrevue. “Et je lui ai dit, ‘Mrs. Vaughan, que se passe-t-il? Comment puis-je vous aider?’ Et elle m’a répondu, ‘Il n y a aucun problème. Ce jour est le plus merveilleux de ma vie. Quand je suis venue la première fois à Washington, personne ne voulait me louer une chambre d’hôtel, et cette Nuit, j’ai dansé avec le président”. http://www.elnuevodia.com/diario/noticia/revistas/revistas/un_pasado_no_tan_distante/490246 |