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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
27 mai 2008

De la dépendance socio-économique et politique des afrodescendants

Par Guy Everard Mbarga

Le problème principal auquel sont confrontés les Afrodescendants en Amérique (Hispanique, ibérique, anglo-saxonne) et dans le reste du monde est le même qu’ils rencontrent en Afrique : la dépendance et l’impuissance économique et financière et ses principales corollaires que sont la pauvreté, le chômage, l’exclusion sociale…

Il y a évidemment des différences dans les constructions historiques et dans les manifestations actuelles de ce phénomènes selon qu’on est par exemple un Africain en Afrique, un Afrocolombien ou encore un Afroaméricain. On pourrait de même affirmer que le problème numéro un rencontré par les Afrodescendants est plutôt celui du racisme et de la discrimination raciale qu’ils subissent depuis l’époque de l’esclavage.

Un débat existe d’ailleurs entre ceux qui estiment que le problème des noirs est d’abord social (des noirs vivant des situations sociales difficiles comme tous les citoyens) et ceux qui pensent qu’il est tout d’abord racial (des noirs vivant des situations sociales difficiles parce qu’ils sont noirs). Il s’agit en fait des deux faces d’une même et seule réalité. Tout dépend ici de l’angle par lequel on l’aborde. Personne ne peut nier qu’il existe une grande discrimination et du racisme contre les noirs de l’Amérique du Sud en passant par l’Amérique Centrale jusqu’en Amérique du Nord.

La seule importance dans ce débat (problème racial ou social) réside dans le choix des politiques mises en place pour corriger la situation : des politiques antidiscriminatoires et correctrices des inégalités raciales (Affirmative Action, quotas dans les universités publiques par exemple), ou des politiques sociales et économiques habituelles dans une société où la discrimination raciale est mineure ou inexistante (du fait de l’inexistence d’une diversité) visant à réduire le chômage ou à augmenter le pouvoir d’achat.

Dans la plupart des cas d’ailleurs, les deux types de politiques sont appliquées, et lorsqu’il n y en a qu’un seul qui l’est, c’est quand le pouvoir politique (exécutif, législatif et judiciaire) décide de n’accorder aucune attention particulière à la réalité économique et sociale désastreuse que vit un groupe ethnique spécifique.

La majorité des pays d’Amérique Latine par exemple se trouvent entre le pire et le mieux, de ceux qui n’agissent pas à ceux qui mettent en place des politiques  correctrices.

Et parmi ces derniers on distingue encore ceux qui font beaucoup (même beaucoup de bruit), mais ont peu de résultat en terme d’amélioration des conditions de vie des afrodescendants,  et au contraire ceux qui agissent moins, mais de façon plus efficace.

Comme on dit pourtant en football, seul le résultat compte. Et pour aller dans le sens de l’efficacité, que l’on soutienne la thèse du problème racial ou du problème social-économique, en contradiction avec le pourcentage qu’ils représentent, les réalités sont les suivantes pour les noirs des Amériques:

-          les taux de chômage sont de loin plus élevés chez les afrodescendants que la moyenne générale,

-          leur revenu en général est très souvent de loin inférieur à la moyenne,

-          leur représentation politique  est souvent inexistante ou très faible,

-          les investissements publics sont très souvent faibles ou inexistants dans les zones peuplées en majorité par les afrodescendants,

-          le pourcentage d’entre eux fréquentant les écoles, collèges, lycées et universités est très faible par rapport à la moyenne générale,

-          les afrodescendants sont souvent locataires plutôt que propriétaires de leur logement ou des terres qu’ils habitent ou exploitent,

-          le pourcentage d’hommes afrodescendants en prison est souvent beaucoup plus élevé que la moyenne,

-          un nombre beaucoup plus élevé de femmes afrodescendantes occupent des emplois de domestiques, de gardiens de sécurité ou d’autres à faible revenu, pénibles ou dangereux,

-          leur image est souvent plus associée à des valeurs négatives, ridicules ; elle est souvent sujette au dénigrement,

-          les noirs sont souvent sous ou non représentés à la télévision publique et dans les média en général,

-          très souvent ils luttent pour obtenir une reconnaissance citoyenne égale à celle des autres

-     leur contribution historique à la construction de la nation est très souvent ignorée…

En somme, des points de vue de l’emploi, l’éducation, l’attention publique, l’image, la citoyenneté, la représentation politique etc., les afrodescendants dépendent d’une bonne volonté autre que la leur.

À mon avis, les afrodescendants en Amérique cherchent tout d’abord à vivre des conditions plus agréables, comme les autres citoyens. À la rigueur, un racisme sans effet sur leur niveau et leur condition de vie ne les gênerait pas plus qu’autre chose. En d’autres termes, si les pourcentages d’emploi, la représentation politique et sociale, les investissements publics en leur faveurs, leur présence dans les écoles, collèges et universités, les revenus, la situation par rapport à la propriété de logement ou des territoires, le taux d’incarcération etc. étaient égaux, équitables, proportionnels par rapport à la situation générale, on n’en parlerait pas comme d’un problème racial et les afrodescendants ne le vivraient pas ainsi.

Le racisme tout seul ne serait donc pas dramatique. C’est lorsque, comme dans la très grande majorité des cas il s’accompagne de discrimination et entraine des conditions de vie misérables qu’il le devient.

La seule solution pour que le racisme et la discrimination raciale n’ait plus aucun effet sur la grande majorité des afrodescendants, notamment en Amérique Latine est que ces derniers obtiennent une indépendance économique, financière et dans une certaine mesure politique. L’exemple de la réussite d’autres communautés et de leurs descendants dans le monde du point de vue économique et financier est un exemple à suivre. Ces communautés, du fait de leur indépendance économique et financière sont invisibles en tant que problème. Ou encore, les manifestations et les aspects positifs de leurs vies sont largement plus visibles que les aspects négatifs. 

Guy Mbarga 

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