L’expérience afro latine
Ria Richardson
10/2/2003
J’entre dans un bar bondé de monde. Je me sens nerveuse, car beaucoup d’entre eux me regardent bizarrement. Je m’avance pour payer et la caissière se met à me parler dans un très mauvais anglais. Moi je lui réponds en espagnol pour lui rendre la tâche plus facile, et le visage de la dame change d’expression, comme si j’étais un fantôme.
Il n y a aucune différence entre moi et les autres personnes qui emplissent cette salle qui puisse les mettre mal à l’aise, excepté le fait que je suis une afro-latine.
Pour moi, ce type d’incident n’a rien anormal. Bien qu’il y ait des millions d’afro latins comme moi, beaucoup sont incapables de comprendre qu’un noir puisse également être latino. Il y a des gens dans notre école qui ont vécu des expériences similaires.
Les hispanos à la couleur de peau sombre sont descendants des esclaves africains qui furent emmenés en Amérique Latine.
Puisque nous sommes hispanos et noirs, nous appartenons aux deux cultures. “Je peux faire partie des deux races; la race noire et la race hispanique," dit Leonel Caro, un dominicain en classe de neuvième année. Nous pouvons être comme Juelz Santana, un dominicain qui fait du hip-hop, ou si on veut, on peut danser la salsa comme le vénézuélien Oscar de León.
D’autre part, certaines personnes pensent qu’un problème est survenu entre les afro-américains et les afro latins. “J’ai ressenti que les africains d’ici ne me regardent pas de la même manière, il n y a pas d’unité," commente María Yordan-Torres, une enseignante afro portoricaine de Blair. Par exemple, Luís Murillo, un afro colombien et ancien maire en Colombie déclare: “Il y avait quelques jeunes hommes afro - américains qui passaient et ils me lancèrent ‘hey, un afro américain qui parle l’espagnol,’ puis ils se sont mis à rire."
Javiela Evangelista, une dominicaine qui fait sa maîtrise en études latino-américaines et afro-américaines pense que, “En général, ceux qui ont obtenu le pouvoir sont de descendance européenne. Je crois que c’est pour cette raison qu’ils essaient de nier tout ce qui est africain," indique Evangelista.
Il y a des raisons expliquant cette ignorance. “ Je me suis rendu compte que les gens d’Amérique Centrale me regardent bizarrement, peut être parce qu’il n y a pas une forte présence africaine dans leurs pays," indique Tracey Davis qui est en onzième.
D’autres pensent que le manque de connaissance de l’africain a été causé par la présence des Etats-Unis dans la région. Evangelista pense que les Etats-Unis ont créé cette mentalité. Elle donne l’exemple de l’invasion des Etats-Unis en république Dominicaine qui ont donné le pouvoir au Rafael Trujillo. Ce dernier a essayé de “purifier" ou “clarifier" la population dominicaine. Une division s’est ainsi créé au sein de la population, affirme Evangelista.
Beaucoup de gens ne pensent pas que j’ai du sang latino. “J’étais très surprise car tu es si noire que ça m’a donné l’impression que tu es d’ici," me dit la bolivienne Andrea Sempertegui de la classe de onzième.
Je ne peux pas non plus allée dans beaucoup d’endroits sans me sentir mal à l’aise. Une fois, je suis allé acheter des billets pour aller voir le salsero Gilberto Santa Rosa. On est finalement arrivé au début de la queue et la dame en service n’a jamais fait attention à moi, elle a plutôt continué à s’occuper des gens derrière moi, comme si j’étais invisible.
Le fait de nier la présence africaine s’est aggravé. En République Dominicaine , il est très évident que la majorité de la population a du sang noir, mais beaucoup d’entre eux nient leur identité africaine. Je suis allé à Saint Domingue et il y avait des gens plus noirs que moi qui me disaient que je ne pouvais pas être dominicaine tellement je suis noire.
Il est dommage que certains afro-latinos nient leur identité et leurs racines. J’espère que l’on pourra abandonner les préjugés pour former une communauté latine plus unie.
Traduit de l'Espagnol par Guy everard Mbarga